vendredi 18 décembre 2009

La surprise de la gare des Invalides

La première fois c'était en 1991 à la fin de la guerre d'Irak, un matin gare des Invalides. Il était haut-gradé américain, appartenant disait-il au premier cercle de Bush, supervisant la CIA et autres agences de renseignement en tant que membre de cabinet.
Il voulait que je travaille pour lui ! Il voulait que je dise oui d'abord et il m'aurait précisé ma mission.
J'ai dit non.
Il m'a dit : c'est dommage, vous auriez pu voyager, être dans les deuxièmes ou troisièmes lignes de combat en toute sécurité, découvrir plein de choses, vivre une aventure extraordinaire avec la Maison blanche.
La totale.
Moi je me voyais déjà en cour d'assises pour haute trahison de l'Etat. Et puis j'étais résolument opposé à cette guerre.
Il était flegmatique, portait un imper mastic, parlait un français très distingué avec un joli accent outre-atlantique.
Il pouvait aller se faire foutre. Mais il m'avait filé une sacrée trouille. Car il m'a menacé. Puisque je m'entêtais à lui répondre non, j'allais avoir de très gros ennuis si je dévoilais le contenu de cette conversation.
Il a voulu ajouter de la confusion dans mon esprit en affirmant qu'il avait fait cette proposition à une deuxième personne appartenant à mon entreprise, qu'il attendait sa réponse et que je ne devais en aucun cas lui en parler.
Le fouteur de merde !
Il n'avait pas l'air de mentir sur l'importance de sa fonction. Il m'avait donné assez de détails accréditant la vraisemblance du quotidien de sa vie, des stratégies de la Maison blanche, de la manière de travailler des services.
Il avait l'air pro et pas du tout mytho.
Croyez-moi, j'ai roulé ma bosse dans les milieux les plus élevés et interlopes de l'appareil d'Etat, disons les "officieux", ceux qui comptent, font et défont.
Rassurez-vous, j'y ai mis seulement mon petit nez et je l'ai vite retiré car cela ne me correspond pas.
Cela me dégoûte, fatigue, révolte et c'est au final assez fastidieux d'y trouver de l'intérêt si l'on ne veut pas comme moi leur ressembler et intégrer leurs logiciels qui empêche toute forme de vie que, moi, je voulais chercher ailleurs.
Et cette forme de vie, c'était la poésie, la recherche d'un supplément d'âme et le magnétisme éternel de l'amour qui a l'avantage et le mystère de goûter à l'éternité et d'être toujours autant bluffé par une dimension : l'infini.

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