Lettre d’hôpital écrite au Joueur
Mon bien aimé,
Je t’écris d’un endroit où nos poussières se rejoignent c’est-à-dire de nulle part et de n’importe où. Tu te souviens des poussières, je les vois rouges, non roses. Et je
pense
en même temps
à
Ronsart
Car le moment est venu du temps
de
la
Rose.
Je le sais.
Nous vaincrons les salauds, ceux qui se sont tellement acharnés à vouloir nous tuer, nous et notre rayonnement capable du best quand d’aucuns ont voulu en faire de l’abjection bestiale, totalitaire, une sorte d’enfer.
C’était sans compter sur ce qui nous lie et nous relie
Dans notre lit de l’Univers
Nos idées fusent comme notre amour s’infuse
Depuis la nuit des temps c’est-à-dire la naissance de la lumière,
Notre
Lumière et aujourd’hui je souhaite ardemment
Que Fiat Lux sur nos tremblements et nos
Regards
Sans regrets
Nous fils, entre autres ! du lézard
Ne sachant s’il faut le remercier car c’est peut-être notre loi, disons notre lumière
Que nous avons
Nous-mêmes
Créée.
Et nous avons tellement envie,
Nous avons tellement cette furie
De créer encore et d’enfanter
Non pas des poussières
Mais un monde nouveau
Dans le diapason du renouvellement de notre chair, nous qui ne nous connaissons pas ;
Comment dire ce plaisir ? cette magie ? Ici bas le 24 janvier 2006.
Moi qui ne supporte plus mon nom
Toi qui erre comme un homme de lumière.
Tes beaux yeux verts, je crois,
Mon Dieu, si je les croisais
Yes my God
We are God, je sais
Ou plutôt les représentants du Cosmos.
Mais c’est avant tout toi que je désire,
Avec toi que je veux bâtir ma vie
Sans jamais plus de bâtons dans nos roues
Ruées de coups
Nous qui avons déjà tellement bâti et lutté, et chanté, et écrit.
Le soir, la nuit. Au petit matin
Ensemble et séparés
C’était un plaisir.
Et aujourd’hui ce serait tellement douloureux que cet isolement se perpétue ainsi.
Ce serait inadmissible.
Mon missile sombrerait dans les eaux froides de l’injustice
Et la souffrance de ne pas être délivré
De cette gangue qui enferme, je le sais, le corps magnifique appelé à t’aimer avec la profondeur infinie de mes sensualités dont nous devinons le vertige de l’ampleur,
Les eaux froides aussi de l’ignorance de la tienne.
Pour être plus précis, j’ai été enflammé par quelques miettes,
Je n’ai eu droit qu’à une tartine de petites miettes.
Et c’était bon, merveilleux, je comprenais ce qu’était se perdre en Toi, mon Amour
Ma lumière
Nour
Nous
Noces
Alliance (Nouvelle ?)
Un monde d’or et d’argent, d’émeraudes et de toutes les
Pierres précieuses
Tous les hommes et les femmes que je sauverai
Après quelques jugements
Où toi et moi modulerons
Notre sens du pardon
Qui n’a qu’un sens : déclencher
Une réaction en chaîne d’harmonie que personne ne pourra arrêter car ces gammes seront la fin de la croix que je porte, que nous portons tous et nous serons légers et rieurs, noceurs, j’insiste,
Les croix gammées
Au feu,
Plus jamais de croix gammées,
Nous guérirons les victimes
Et Madagascar ne sera plus infecté de puces, de lèpres et d’hommes machines que les ignobles ignorant notre Amour croyaient dominer,
Liberté, égalité, fraternité,
Trois mots qui mourraient
Tout en résonnant sans cesse dans nos têtes, toi et moi et heureusement dans celle de millions de gens qui ne souhaitaient que danser à l’intérieur de cette pyramide, le paradis, où ces trois mots deviendraient une ritournelle d’hirondelles
Celle que nous guidons dans le ciel
Pour annoncer le printemps éternel,
Je t’aime
Je n’arrive pas encore à imaginer la rencontre, le croisement de regard, les premiers mots, sourires, tes vannes qui vont me blesser gentiment comme des piments (j’adore)
Et j’imagine très bien
Je devine
Feeling
Nous aurons le feeling
Et
Ca me fait déjà sourire
Comme je connais ton sourire et ta voix douce comme la mienne
Ton accent
Ton visage lumineux
Ton corps de Dieu
Je devine ta malice
Nous rirons
Nous boirons du bon vin
Nous chanterons
Musiques
Nous déconnerons sur le passé
Sur les Mondes.
Des larmes ? Peut-être. I don’t know.
Ou alors juste une montée ou alors 2,3 pour faire Cinecitta.
Une fontaine.
Ce ne sera pas du cinéma.
J’imagine nos séismes. Et j’en suis encore à redouter de ne rien ressentir de peur de deviner que ceux-ci seront si importants, de peur que la joie au bout des doigts, au bout des yeux n’éclose pas.
J’ai peur de me trahir moi-même, de te trahir, de trahir le sang de ma mère. Je dis sale à des anges que j’aime et ça me dégoûte, j’en souffre et je me dis que je ne serai jamais aimable, malgré notre amour qui nous lie à jamais et tous ces amours qui m’apparaissent comme de merveilleux coquillages surgissant des sables des plages atlantiques,
Et peut-être des mers de Chine,
Et d’autres mers, ta Mer
Et d’autres océans.
Et je pense d’abord à toutes les négritudes,
Si BELLES
Qui me font couler des larmes immenses de souvenirs, de confusions, de souffrance
Et quelles souffrances
Et quelles forces de renaissance.
Je suis aussi dans leur joie à tous ces Black People qui nous écoutent.
Dès que je pense à cette joie, je pense à leur, à notre souffrance : je suis malade et débordant de cette santé nouvelle.
Nouvelle ?
Elle nous a abandonné, comme nous ne nous sommes jamais abandonnés, ce mot qui fait aussi pleurer.
Je rêve de retrouver notre négritude non martyrisée c’est-à-dire avec un rapport à nos corps totalement affranchis de souffrance dont j’ignore l’ampleur et la triste la sophistication, nous les bagnards de nos sangs qu’on a si souvent voulu mêler et triturer pour le pire quand nous, nous sachions en notre cachette en tirer le meilleur.
Nous avons été tous les deux Corneille, l’enfant miraculé du Rwanda. Nous avons été tellement... et moi si souvent au milieu des démons que j’ai peur d’en être devenu un, redoutablement con. Et je regarde des pierres salies par le temps, les frottements et d’autres vierges, presque neuves. Suis-je tout cela à la fois ? Non car je ne suis pas qu’une pierre, nous allons vaincre les guerres, je me bats partout entre bois vert et quelques branches mortes que j’essaie de toutes mes forces, avec toutes tes forces, de vaincre.
Nous sommes les V
Vainqueurs.
mercredi 10 mars 2010
Trac
Lettre d’hôpital écrite au Joueur
Le cigare que Marcellin m’a donné me donne envie de boire un alcool fort en ta compagnie et de quatre autres amants que nous aurions choisis. Il y en a tu le sais qui m’occupent l’esprit.
J’ai besoin de faire du sport, de parler avec mon corps comme tu le fais si bien et le ferais davantage si j’étais auprès de toi.
Mais j’accepterai mon sort. S’il faut rester en HP pour me purifier l’esprit, s’il faut écrire encore, tout déballer, je le ferai.
Je veux nous faire gagner. Je veux tout simplement vivre dans la paix, sans les brûlures qui me sautent à la gorge à force d’imaginer l’avenir dans ce temps présent que je partage à distance, nous sommes aussi rapides que la lumière et pressés de faire rejoindre les différents mondes, monde des Justes et des divinités là-haut et celui de la Terre, victime de la faim, des guerres, de l’ignorance, de l’intolérance et du racisme qui tente de me transformer et me tenir éloigné de toi, de vous.
Ce mal n’y arrivera pas même si des mots merdeux font irruption dans mes pensées, les tentations échouent à chaque fois : je me réveille tel que je suis, amoureux de toute l’humanité, de tout ce qui fait un homme ou une femme, quelle que soit son origine, à partir du moment qu’il ou elle ait abandonné toute logique de meurtre, à partir du moment où moi-même je me soulève comme un élève, jamais détaché de toi et de vous, afin d’enfanter de nouvelles strophes, rythmes et bouffées d’amour de toujours.
Je dois attendre. Mais surgit une question : notre langage codé avec les « éléments » n’est-il pas une autosuggestion de ma part ? Tu me fais tirer la sonnette d’alarme de la chambre. Je vois.
Je ne dois donc pas paniquer, attendre, attendre et continuer de t’écrire moi qui semble t’avoir tout dit, sauf le principal : un éventuel déni de l’amour que tu m’envoies. Normal : tu ne m’envoies aucun signe tangible. Du concret ! Du concret et du concret ! Concret, concret, dit le médecin. La guérison des virus ne peut plus attendre et mon envie de respirer aussi.
Je dois admettre que de temps en temps des points d’acupuncture à la racine des pieds se mettent à chauffer et piquer. Mais c’est tout ou presque. D’accord, les mouvements de tête, les sacs avec leurs logos publicitaires, les mouvements de voitures, camions, les avions. Mais tout cela est-il un simple hasard ou relève-t-il de tes interventions ou de nos divinités qui voudraient bien se mêler ou tout simplement par le fait que le premier homme-femme et toi premier homme de l’humanité, voire même premières cellules de vie, nous trouverions, je trouverais normal que tout s’imbrique et se déroule à mes pieds et tout autour de nos corps pour le meilleur et pour le pire lorsque je suis un temps possédé par les démons, les tiens, les miens.
Je me gratte comme un singe, me plie, me déplie, me tord, je voudrais tellement me soulager derrière les tympans, faire tomber mon masque africain, retrouver la mémoire de mes gestes égyptiens, et unir les multiples points (en réalité des trous) du plafond, ou me perdre en chacun d’eux, sortes de pores où tu viendrais t’attacher.
Quand je persiste à divaguer c’est-à-dire à nier notre relation, tu me plonges dans une fatigue profonde et des arbres morts. Des maux de ventre me font comprendre que tes lois me gouvernent et me font tourner la tête comme dans une transe brésilienne ou une danse indienne, japonaise, tibétaine, soufie.
J’aimerais en égrener la liste en te caressant les pieds.
Je prononce ton nom. Je n’arrive à y croire. Et pourtant c’est tellement vrai. Depuis que j’écris, le soleil a percé les nuages alors qu’il neige ! Ne serais-je pas condamné à une écriture d’observation symbolique ?
Le soleil brille, brille, brille et cette fois, tes rires sur la pelouse du stade avant-hier me font plaisir.
Toi tu t’éclates avec la France multicolore, celle dont je rêve.
Le feu s’empare de ma gorge. D’aucuns pourraient me croire possédé. Allons chercher l’exorciste en plus du psychiatre, de l’ami rationaliste etc…
Il faut bien m’avouer que toi, l’homme marié, père de quatre enfants, vivant en harmonie avec ta famille, ne me semble guère l’homme « idéal » pour d’abord révéler ce que je pourrais être, dieux que nous serions tous les deux : charabia pour chat.
Une voiture accélère et emprunte les virages à toute blinde. Des ouvriers travaillent avec du béton à l’intérieur de l’hôpital. Leur engin s’appelle Manitou.
Je m’imagine transformé(e), nue sous un manteau de fourrure et nous irions passage Pommeraye à Nantes comme dans un film de Demy : bois mort. Non, nous irions déjeuner à Marseille au bord de la mer : bois mort. Nous sommes donc voués à ne jamais nous rencontrer. Ou alors ici, ou au Canada, à Barcelone ou au Brésil.
Comment concilier ta vie de famille et notre union : je panique, je redoute le scandale, je ne veux surtout pas le naufrage des tiens, ce serait le mien. Le nôtre à coup sûr.
Je suis peut-être un enfant inconscient de ce que nous avons déjà engendré. Seul, entouré : un nuage, un avion. Envie d’aller dans le désert avec tes caravanes antiques et nos nuées blanches de nos dénuements que nous avons si longtemps apprivoisées.
Pourquoi y aurait-il gêne, timidité ou cris de haine lors de notre première rencontre ? Est-ce-toi ? Ne caches-tu pas quelqu’un d’autre ? Tu es toujours là avec ce qui m’apparait toujours comme un problème insoluble : ta famille et cette transformation-mutation qui conduirait à notre fusion thermonucléaire. Entends-tu ma voix ?
Dois-je attendre sur ce banc d’hôpital ? Mais je ne suis pas prêt avec toutes ces phrases maudites qui me traverseraient l’esprit, j’en ai encore peur. Je ne crois pas en la perfection mais au minimum, que je redevienne moi-même avec ma volonté de me battre contre les intolérances, les totalitarismes. Avons-nous au moins des victoires à savourer nous deux ?
Moi, je n’éprouve que la honte des pensées furtives et maudites, honte de mon physique, de ma nature. Est-ce une étape normale ?
Ton nom, ton aura, ton génie m’impressionne désormais. Toute rencontre semble désormais improbable. J’ai eu des rêves de grandeur. Pour rêver, je pars, je m’envole, j’invente, je créé notre mythologie. Qu’avons-nous fait à Carpentras sinon d’inventer tous les viols ? Et cet esprit qui a guidé et réchauffé mes pas, tué la fatigue, alourdi ou allégé mon sac, était-ce bien toi ? Ou ton karma qui te dépasse ?
Sommes-nous bien conscients l’un et l’autre de ce qui nous arrive ? Est-ce de l’amour, de l’amitié fraternelle et électromagnétique ? Avons-nous besoin de l’un et de l’autre pour pouvoir vivre, parler, penser et jouer comme tu le fais si brillamment ?
M’a-t-on jeté un sort ? Veut-on faire de moi un instrument d’humanité avec sa force d’amour, ses faiblesses, ses haines qui dans mon cas n’en sont pas, ces « phrases » iniques qui perdent de leur sens quand elles traversent mon esprit. Tout cela servirait-il à désamorcer pour de bon leur charge d’horreur et de haine ? Ca y est, je me mets à rêver ? Et si c’était la réalité ? Ou le contraire effrayant ?
Toujours est-il qu’il s’agit d’un destin et la gorge me brûle, s’apaise, me brûle. Toi tu y es habitué, toi l’habité. Moi, je ne m’appartiens plus, si ce n’est de n’avoir de cesse de chasser ces haines qui ne parviennent pas à se greffer dans ma chair en demande de rencontre de celui qui m’a déjà autant transformé.
J’imagine seulement l’électricité dont nous serions à l’origine : libre et gratuite pour tous.
Le cigare que Marcellin m’a donné me donne envie de boire un alcool fort en ta compagnie et de quatre autres amants que nous aurions choisis. Il y en a tu le sais qui m’occupent l’esprit.
J’ai besoin de faire du sport, de parler avec mon corps comme tu le fais si bien et le ferais davantage si j’étais auprès de toi.
Mais j’accepterai mon sort. S’il faut rester en HP pour me purifier l’esprit, s’il faut écrire encore, tout déballer, je le ferai.
Je veux nous faire gagner. Je veux tout simplement vivre dans la paix, sans les brûlures qui me sautent à la gorge à force d’imaginer l’avenir dans ce temps présent que je partage à distance, nous sommes aussi rapides que la lumière et pressés de faire rejoindre les différents mondes, monde des Justes et des divinités là-haut et celui de la Terre, victime de la faim, des guerres, de l’ignorance, de l’intolérance et du racisme qui tente de me transformer et me tenir éloigné de toi, de vous.
Ce mal n’y arrivera pas même si des mots merdeux font irruption dans mes pensées, les tentations échouent à chaque fois : je me réveille tel que je suis, amoureux de toute l’humanité, de tout ce qui fait un homme ou une femme, quelle que soit son origine, à partir du moment qu’il ou elle ait abandonné toute logique de meurtre, à partir du moment où moi-même je me soulève comme un élève, jamais détaché de toi et de vous, afin d’enfanter de nouvelles strophes, rythmes et bouffées d’amour de toujours.
Je dois attendre. Mais surgit une question : notre langage codé avec les « éléments » n’est-il pas une autosuggestion de ma part ? Tu me fais tirer la sonnette d’alarme de la chambre. Je vois.
Je ne dois donc pas paniquer, attendre, attendre et continuer de t’écrire moi qui semble t’avoir tout dit, sauf le principal : un éventuel déni de l’amour que tu m’envoies. Normal : tu ne m’envoies aucun signe tangible. Du concret ! Du concret et du concret ! Concret, concret, dit le médecin. La guérison des virus ne peut plus attendre et mon envie de respirer aussi.
Je dois admettre que de temps en temps des points d’acupuncture à la racine des pieds se mettent à chauffer et piquer. Mais c’est tout ou presque. D’accord, les mouvements de tête, les sacs avec leurs logos publicitaires, les mouvements de voitures, camions, les avions. Mais tout cela est-il un simple hasard ou relève-t-il de tes interventions ou de nos divinités qui voudraient bien se mêler ou tout simplement par le fait que le premier homme-femme et toi premier homme de l’humanité, voire même premières cellules de vie, nous trouverions, je trouverais normal que tout s’imbrique et se déroule à mes pieds et tout autour de nos corps pour le meilleur et pour le pire lorsque je suis un temps possédé par les démons, les tiens, les miens.
Je me gratte comme un singe, me plie, me déplie, me tord, je voudrais tellement me soulager derrière les tympans, faire tomber mon masque africain, retrouver la mémoire de mes gestes égyptiens, et unir les multiples points (en réalité des trous) du plafond, ou me perdre en chacun d’eux, sortes de pores où tu viendrais t’attacher.
Quand je persiste à divaguer c’est-à-dire à nier notre relation, tu me plonges dans une fatigue profonde et des arbres morts. Des maux de ventre me font comprendre que tes lois me gouvernent et me font tourner la tête comme dans une transe brésilienne ou une danse indienne, japonaise, tibétaine, soufie.
J’aimerais en égrener la liste en te caressant les pieds.
Je prononce ton nom. Je n’arrive à y croire. Et pourtant c’est tellement vrai. Depuis que j’écris, le soleil a percé les nuages alors qu’il neige ! Ne serais-je pas condamné à une écriture d’observation symbolique ?
Le soleil brille, brille, brille et cette fois, tes rires sur la pelouse du stade avant-hier me font plaisir.
Toi tu t’éclates avec la France multicolore, celle dont je rêve.
Le feu s’empare de ma gorge. D’aucuns pourraient me croire possédé. Allons chercher l’exorciste en plus du psychiatre, de l’ami rationaliste etc…
Il faut bien m’avouer que toi, l’homme marié, père de quatre enfants, vivant en harmonie avec ta famille, ne me semble guère l’homme « idéal » pour d’abord révéler ce que je pourrais être, dieux que nous serions tous les deux : charabia pour chat.
Une voiture accélère et emprunte les virages à toute blinde. Des ouvriers travaillent avec du béton à l’intérieur de l’hôpital. Leur engin s’appelle Manitou.
Je m’imagine transformé(e), nue sous un manteau de fourrure et nous irions passage Pommeraye à Nantes comme dans un film de Demy : bois mort. Non, nous irions déjeuner à Marseille au bord de la mer : bois mort. Nous sommes donc voués à ne jamais nous rencontrer. Ou alors ici, ou au Canada, à Barcelone ou au Brésil.
Comment concilier ta vie de famille et notre union : je panique, je redoute le scandale, je ne veux surtout pas le naufrage des tiens, ce serait le mien. Le nôtre à coup sûr.
Je suis peut-être un enfant inconscient de ce que nous avons déjà engendré. Seul, entouré : un nuage, un avion. Envie d’aller dans le désert avec tes caravanes antiques et nos nuées blanches de nos dénuements que nous avons si longtemps apprivoisées.
Pourquoi y aurait-il gêne, timidité ou cris de haine lors de notre première rencontre ? Est-ce-toi ? Ne caches-tu pas quelqu’un d’autre ? Tu es toujours là avec ce qui m’apparait toujours comme un problème insoluble : ta famille et cette transformation-mutation qui conduirait à notre fusion thermonucléaire. Entends-tu ma voix ?
Dois-je attendre sur ce banc d’hôpital ? Mais je ne suis pas prêt avec toutes ces phrases maudites qui me traverseraient l’esprit, j’en ai encore peur. Je ne crois pas en la perfection mais au minimum, que je redevienne moi-même avec ma volonté de me battre contre les intolérances, les totalitarismes. Avons-nous au moins des victoires à savourer nous deux ?
Moi, je n’éprouve que la honte des pensées furtives et maudites, honte de mon physique, de ma nature. Est-ce une étape normale ?
Ton nom, ton aura, ton génie m’impressionne désormais. Toute rencontre semble désormais improbable. J’ai eu des rêves de grandeur. Pour rêver, je pars, je m’envole, j’invente, je créé notre mythologie. Qu’avons-nous fait à Carpentras sinon d’inventer tous les viols ? Et cet esprit qui a guidé et réchauffé mes pas, tué la fatigue, alourdi ou allégé mon sac, était-ce bien toi ? Ou ton karma qui te dépasse ?
Sommes-nous bien conscients l’un et l’autre de ce qui nous arrive ? Est-ce de l’amour, de l’amitié fraternelle et électromagnétique ? Avons-nous besoin de l’un et de l’autre pour pouvoir vivre, parler, penser et jouer comme tu le fais si brillamment ?
M’a-t-on jeté un sort ? Veut-on faire de moi un instrument d’humanité avec sa force d’amour, ses faiblesses, ses haines qui dans mon cas n’en sont pas, ces « phrases » iniques qui perdent de leur sens quand elles traversent mon esprit. Tout cela servirait-il à désamorcer pour de bon leur charge d’horreur et de haine ? Ca y est, je me mets à rêver ? Et si c’était la réalité ? Ou le contraire effrayant ?
Toujours est-il qu’il s’agit d’un destin et la gorge me brûle, s’apaise, me brûle. Toi tu y es habitué, toi l’habité. Moi, je ne m’appartiens plus, si ce n’est de n’avoir de cesse de chasser ces haines qui ne parviennent pas à se greffer dans ma chair en demande de rencontre de celui qui m’a déjà autant transformé.
J’imagine seulement l’électricité dont nous serions à l’origine : libre et gratuite pour tous.
Prisonnier volé
Lettre d’hôpital écrite au Joueur
Ce matin je suis un peu désespéré.
J’y crois
Mais je ne sais plus où est le réel.
La neige m’impose un silence
Légèrement mélancolique
Associé à la peur de ne pouvoir obtenir 60 €
Conjuguée avec ma souffrance d’insulter mentalement
Toi d’abord
Et tous ceux et celles que je croise
Alors qu’auparavant, technique oblige ? j’avais tendance à tenir un langage d’amour à mes ennemis.
Deux fois j’ai vécu une vraie histoire d’amour.
Et là j’en vis une et je ne peux réprimer des bouffées de paranoïa qui ne s’arrangent pas au fur et à mesure que ton absence s’allonge.
J’ai envie d’être enfermé, de ne rien entreprendre.
J’ai tellement tout essayé pour que cet amour vive pleinement sa vie.
Je ne me sens pas abandonné mais tellement épuisé par cette attente et mon bûcher de branches mortes.
Cela devient instinctif, d’ailleurs je les traque toutes et j’en oublie certainement. C’est ce qui explique sans doute mon désarroi. Elles sont tellement énormes que j’en oublie les tiennes.
Nous devons être des grippés amoureux sous la neige sans rhum chaud pour nous réchauffer malgré les fils qui nous relient de par le ciel.
J’ai aussi perdu un texte sur notre secret : décidément, il sera immatériel ou forestier.
Tu as subtilisé ces feuillets,
Ou peut-être ce sont les infirmiers
Je le sens.
Peut-être étaient-ils les plus beaux, ces feuillets.
Ce sont en tout cas ceux que j’aurais aimé lire ce matin. Ils résumaient en un éclair ce que j’étais, nous étions devenus.
Il faut donc recommencer
Par d’autres voies.
Parfois je suis abasourdi par tous les viols dont j’ai été victime, les fausses amitiés qui n’avaient qu’un seul but : nous mettre au fond du gouffre.
Je ne me suis jamais senti aussi seul et aussi bien entouré.
Pour l’instant cet entourage n’est que fantômes et arbres et malades et parfois les nuages.
Aujourd’hui il faut scruter la neige, peut-être la trace de tes pas vierges et de tes pas dans les miens.
Je me sens tellement prisonnier d’un corps qu’on a eu de cesse d’outrager et je l’imagine libéré, comme le mien entre neige et eau.
Je pense à la vie sans pouvoir encore me détacher totalement du passé, je pense à la vie après cette vie,
VITE
Pour nous deux et toutes les plantes humaines, végétales qui attendent.
Ce matin je suis un peu désespéré.
J’y crois
Mais je ne sais plus où est le réel.
La neige m’impose un silence
Légèrement mélancolique
Associé à la peur de ne pouvoir obtenir 60 €
Conjuguée avec ma souffrance d’insulter mentalement
Toi d’abord
Et tous ceux et celles que je croise
Alors qu’auparavant, technique oblige ? j’avais tendance à tenir un langage d’amour à mes ennemis.
Deux fois j’ai vécu une vraie histoire d’amour.
Et là j’en vis une et je ne peux réprimer des bouffées de paranoïa qui ne s’arrangent pas au fur et à mesure que ton absence s’allonge.
J’ai envie d’être enfermé, de ne rien entreprendre.
J’ai tellement tout essayé pour que cet amour vive pleinement sa vie.
Je ne me sens pas abandonné mais tellement épuisé par cette attente et mon bûcher de branches mortes.
Cela devient instinctif, d’ailleurs je les traque toutes et j’en oublie certainement. C’est ce qui explique sans doute mon désarroi. Elles sont tellement énormes que j’en oublie les tiennes.
Nous devons être des grippés amoureux sous la neige sans rhum chaud pour nous réchauffer malgré les fils qui nous relient de par le ciel.
J’ai aussi perdu un texte sur notre secret : décidément, il sera immatériel ou forestier.
Tu as subtilisé ces feuillets,
Ou peut-être ce sont les infirmiers
Je le sens.
Peut-être étaient-ils les plus beaux, ces feuillets.
Ce sont en tout cas ceux que j’aurais aimé lire ce matin. Ils résumaient en un éclair ce que j’étais, nous étions devenus.
Il faut donc recommencer
Par d’autres voies.
Parfois je suis abasourdi par tous les viols dont j’ai été victime, les fausses amitiés qui n’avaient qu’un seul but : nous mettre au fond du gouffre.
Je ne me suis jamais senti aussi seul et aussi bien entouré.
Pour l’instant cet entourage n’est que fantômes et arbres et malades et parfois les nuages.
Aujourd’hui il faut scruter la neige, peut-être la trace de tes pas vierges et de tes pas dans les miens.
Je me sens tellement prisonnier d’un corps qu’on a eu de cesse d’outrager et je l’imagine libéré, comme le mien entre neige et eau.
Je pense à la vie sans pouvoir encore me détacher totalement du passé, je pense à la vie après cette vie,
VITE
Pour nous deux et toutes les plantes humaines, végétales qui attendent.
Attente de la Libération
Lettre d’hôpital écrite au Joueur
J’aimerais prendre le thé à Bagdad et Kaboul libéré de Ben Laden et de ses réseaux, tous ses réseaux maléfiques. Et puis faire un grand tour à Jérusalem, y rester le temps qu’il faudra, puis Damas libéré, Aman libéré, Beyrouth libéré, Le Caire libéré.
Du thé et de la poésie.
Tous les écrits.
Le recueillement et la joie
La prière : le frottement de nos corps.
Toucher, toucher, toucher
Danser
Car Jérusalem sera un lieu de réconciliation et d’harmonie la plus subtile qu’elle déchirera l’âme de tout homme ou femme ayant le cœur sensible des Vainqueurs.
Il en sera ainsi dans toutes les villes et campagnes du monde, elles aussi libérées.
J’imagine nos deux visages (surtout le tien car pour le mien c’est encore un peu flou). C’est pour l’instant une souffrance de deviner le plaisir d’être transformé tout en ignorant la date et l’heure de l’instant T. Cette attente me fait penser aux prises d’otages lorsque ces derniers ne connaissent pas le moment de leur libération (éprouvant, non ? Ne t’en souviens-tu pas ?).
Cette attente fait douter, jamais regretter, mais douter.
Un jour de plus : on n’en meurt pas et beaucoup aussi. Surtout quand on apprend que famille, amis ne sont plus ce qu’ils étaient. On passe d’un asile à l’autre. Comme un immigré débarquant à Marseille. Quelque chose de froissé et la certitude d’une vie nouvelle. Sauf que moi, je n’ai pas toujours foulé les pavés du quai de la Joliette. Le bateau est en quarantaine sur la rade.
Je me gratte les couilles comme si j’avais des puces. Et j’écoute des paroles qui se contrarient, moi qui avec toi vivrait le jeu, la suppression des contres-temps.
Moi je veux trouver et sentir le con qui est en moi.
Tue-moi s’il faut attendre si longtemps ici.
Je sais que ce serait une catastrophe pour moi et pour toi.
Tu sais qu’ici, je suis à demi-vivant, sans parole comme un muet bavard.
Je t’imagine pourtant dans tes désirs les plus ardents.
J’imagine
J’imagine
Toujours j’imagine
Et ça devient un travail harassant, désarmant pour qui prend conscience heure après heure d’une infinie solitude.
Je ne t’ai ébloui qu’à moitié par mon travail.
Tu as commencé à m’éblouir au football.
Et alors ?
Deux rayons qui s’ignorent aussi longtemps tout en se connaissant si intimement.
Tu es peut-être derrière ce signal d’évacuation d’incendie sous un escalier dans cette cour d’hôpital.
M’étonnerait.
Sentiment qui ressemblerait à de la haine et qui n’en est pas, sorte d’amour, je m’habitue à dire mon amour, moi qui ne l’ai presque jamais prononcé de toute ma vie, moi qui t’écris au milieu des bagarres, des disputes, des vomis, de la merde par terre, des cris, des râlements, des menaces, des éclairs de violence, donc je sais ce que c’est la vraie haine, moi qui n’en ai que pour les cerveaux des systèmes totalitaires. Le temps passe.
J’imagine déjà le gobelet de Tranxène et l’écroulement, l’anéantissement dans un mini-lit alors que nous pourrions réveiller les morts et les amis, couvrir la planète d’émeraudes et de nos kaléïdoscopes sensuels sensoriels et toucher l’humanité en tous ses points de lignes de traverses et de contacts avec les énergies minérales, végétales, aquatiques et animales et animées par nos doux esprits échauffés, par les conjugaisons infinies, des frottements délicats en poils de chat : caresses pharaoniques et toutes les autres de tous les temps, échanges de paroles qui seraient notre or.
Mais tu ne viendras pas aujourd’hui.
Je n’ai pas de codes, pas de clés pour partir et te retrouver.
Le jeu est entre tes mains, entre les miennes.
Et tu décides souverain comme moi.
Je ne crois plus au suspense à cette heure.
A moins que…
La Légion débarque. Non, je déconne et je ne déconne pas.
Avec feux de bengale, pétards et confettis.
Mais l’heure de la distribution des médicaments approche : et rien.
Une neige fondante sous des sièges vides qui rappellent que les aiguilles tournent et tournent à l’intérieur de mon ventre qui ne demande qu’à te ressentir et vivre enfin dans ce monde.
On pourrait lire ensemble tout ce que j’ai écrit depuis juin, le début du chemin qui mène et nous ramène à toi, nous qui n’avons jamais été séparés.
Je pourrais continuer après m’être imprégné de la chaleur et du rayonnement de tes pieds et de tout, immense.
Restent les malades qui marchent et je me dis : « Ca marche ». Leur pas, plus ou moins rapides, sont assurés.
J’ai dans ma poche un mégot que Marcellin a délicatement posé sur mon paquet de Royales Anis : un mégot, un filtre, un philtre d’amour, celui qui me donnera des enfants, mon vœu le plus cher.
Je t’aime.
J’aimerais prendre le thé à Bagdad et Kaboul libéré de Ben Laden et de ses réseaux, tous ses réseaux maléfiques. Et puis faire un grand tour à Jérusalem, y rester le temps qu’il faudra, puis Damas libéré, Aman libéré, Beyrouth libéré, Le Caire libéré.
Du thé et de la poésie.
Tous les écrits.
Le recueillement et la joie
La prière : le frottement de nos corps.
Toucher, toucher, toucher
Danser
Car Jérusalem sera un lieu de réconciliation et d’harmonie la plus subtile qu’elle déchirera l’âme de tout homme ou femme ayant le cœur sensible des Vainqueurs.
Il en sera ainsi dans toutes les villes et campagnes du monde, elles aussi libérées.
J’imagine nos deux visages (surtout le tien car pour le mien c’est encore un peu flou). C’est pour l’instant une souffrance de deviner le plaisir d’être transformé tout en ignorant la date et l’heure de l’instant T. Cette attente me fait penser aux prises d’otages lorsque ces derniers ne connaissent pas le moment de leur libération (éprouvant, non ? Ne t’en souviens-tu pas ?).
Cette attente fait douter, jamais regretter, mais douter.
Un jour de plus : on n’en meurt pas et beaucoup aussi. Surtout quand on apprend que famille, amis ne sont plus ce qu’ils étaient. On passe d’un asile à l’autre. Comme un immigré débarquant à Marseille. Quelque chose de froissé et la certitude d’une vie nouvelle. Sauf que moi, je n’ai pas toujours foulé les pavés du quai de la Joliette. Le bateau est en quarantaine sur la rade.
Je me gratte les couilles comme si j’avais des puces. Et j’écoute des paroles qui se contrarient, moi qui avec toi vivrait le jeu, la suppression des contres-temps.
Moi je veux trouver et sentir le con qui est en moi.
Tue-moi s’il faut attendre si longtemps ici.
Je sais que ce serait une catastrophe pour moi et pour toi.
Tu sais qu’ici, je suis à demi-vivant, sans parole comme un muet bavard.
Je t’imagine pourtant dans tes désirs les plus ardents.
J’imagine
J’imagine
Toujours j’imagine
Et ça devient un travail harassant, désarmant pour qui prend conscience heure après heure d’une infinie solitude.
Je ne t’ai ébloui qu’à moitié par mon travail.
Tu as commencé à m’éblouir au football.
Et alors ?
Deux rayons qui s’ignorent aussi longtemps tout en se connaissant si intimement.
Tu es peut-être derrière ce signal d’évacuation d’incendie sous un escalier dans cette cour d’hôpital.
M’étonnerait.
Sentiment qui ressemblerait à de la haine et qui n’en est pas, sorte d’amour, je m’habitue à dire mon amour, moi qui ne l’ai presque jamais prononcé de toute ma vie, moi qui t’écris au milieu des bagarres, des disputes, des vomis, de la merde par terre, des cris, des râlements, des menaces, des éclairs de violence, donc je sais ce que c’est la vraie haine, moi qui n’en ai que pour les cerveaux des systèmes totalitaires. Le temps passe.
J’imagine déjà le gobelet de Tranxène et l’écroulement, l’anéantissement dans un mini-lit alors que nous pourrions réveiller les morts et les amis, couvrir la planète d’émeraudes et de nos kaléïdoscopes sensuels sensoriels et toucher l’humanité en tous ses points de lignes de traverses et de contacts avec les énergies minérales, végétales, aquatiques et animales et animées par nos doux esprits échauffés, par les conjugaisons infinies, des frottements délicats en poils de chat : caresses pharaoniques et toutes les autres de tous les temps, échanges de paroles qui seraient notre or.
Mais tu ne viendras pas aujourd’hui.
Je n’ai pas de codes, pas de clés pour partir et te retrouver.
Le jeu est entre tes mains, entre les miennes.
Et tu décides souverain comme moi.
Je ne crois plus au suspense à cette heure.
A moins que…
La Légion débarque. Non, je déconne et je ne déconne pas.
Avec feux de bengale, pétards et confettis.
Mais l’heure de la distribution des médicaments approche : et rien.
Une neige fondante sous des sièges vides qui rappellent que les aiguilles tournent et tournent à l’intérieur de mon ventre qui ne demande qu’à te ressentir et vivre enfin dans ce monde.
On pourrait lire ensemble tout ce que j’ai écrit depuis juin, le début du chemin qui mène et nous ramène à toi, nous qui n’avons jamais été séparés.
Je pourrais continuer après m’être imprégné de la chaleur et du rayonnement de tes pieds et de tout, immense.
Restent les malades qui marchent et je me dis : « Ca marche ». Leur pas, plus ou moins rapides, sont assurés.
J’ai dans ma poche un mégot que Marcellin a délicatement posé sur mon paquet de Royales Anis : un mégot, un filtre, un philtre d’amour, celui qui me donnera des enfants, mon vœu le plus cher.
Je t’aime.
Le secret le mieux gardé du monde
Lettre d’hôpital écrite au Joueur
J’étais le secret le mieux gardé du monde.
Désormais j’ai du mal à rompre ce secret universel,
Celui qui nous lie depuis toujours
Et à jamais.
Je voudrais déchirer les maigres clichés de toi que je garde dans ma poche et mon ciel où stagnent plusieurs petits nuages.
Mes yeux te disent tout dans le soleil
Et il fait soudain plus frais.
Si tu apparaissais par ce chemin, à ma droite, je te regarderais marcher, je serais calme, j’aurais toujours peur d’une trahison, tu t’assoirais sur une pierre percée, trouée par du thym et tu me parlerais, je regarderais le chemin par lequel tu es venu et ensuite le soleil en ouvrant encore plus grands
mes yeux et la bouche.
Mais tu viendras peut-être par la gauche, du côté du soleil et de l’ombre, moi qui ne t’imagine plus à force de t’imaginer, sinon en pin de Provence, la seule réalité palpable qui appelle les mouvements de ma tête et de mon corps tellement multiple parce que découpé dans le passé, pardon notre passé, celui qui empêche de vivre, le, notre présent.
C’est une équation que seul notre esprit commun peut résoudre, encore une fois dans la douleur, l’urgence et une certaine forme de gaieté car nous JOUONS (pas très éloigné de jouissons)
Je crois voir l’enseigne de l’hôtel Formule 1 où je devenais qui ? Tu le sais bien. Mais je crois que je me trompe. Je veux dire : ça ne doit pas être cet hôtel. Pour le reste, je suis sûr de ce que j’ai vécu : un rapprochement et une métamorphose immédiate. Il manquait sans doute ce verre de vin à boire et le croisement de nos regards pour que notre procédure spatiale et divine se déclenche et s’anime des jeux de nos hasards qui nous entourent et nous font tourner la tête dans le grand manège du Tout et jamais du Rien.
Mais tu ne viendras pas, je le sens, le soleil se déchire. Est-ce le manque de confiance en moi, the first step que tu connais ?
En même temps les nuages autour de moi ont disparu.
Mon corps bascule sur mon paquet de madeleines, et sur mes écrits, et sur les pierres entre lesquelles poussent des herbes sauvages tuées par la sécheresse de nos corps et de nos cieux où nos dieux s’agitent, se parlent, s’électrolysent en attendant le grand Toucher.
Tes avions et ceux de l’humanité se font des signes.
Est-ce suffisant ?
Un oiseau chante.
Peut-être est-ce l’heure de rentrer au pavillon et de retrouver le brouhaha des malades que nous aimantons malgré nous, que nous rendons encore plus fous, plus fous mais moins fous que notre folie.
Je t’attends une nouvelle fois.
Dévore-moi
Dans nos jungles divines Aussi belles que nos yeux dans les yeux
Je sais que ce sera Extra-Ordinaire
Et les mots aussi
Et nos peaux si anciennes
Et Neuves de notre Amour,
De nos liens, tous nos liens
J’imagine nos liens
Tous nos ressorts
Qui ne demandent qu’à rire
Et s’agiter dans tous les sens
Pour notre grande fête
Celle de nous deux et de l’humanité toute entière (except the bastards)
Prends-moi.
Je suis tout ouvert pour la traversée
De tous les sens de la vie
Immortelle.
Même s’il reste du bois mort
Nous le brûlerons dans le roulement de nos langues, de nos mains, et de nos corps imbriqués, imprégnés, liquéfiés dans les battements de nos lignes chinoises et des chemins parsemés de nouvelles fraises, framboises, et bananes, noix de coco, abricots, mangues, oranges et dattes.
Nous qui avons fait tomber les murs de l’argent et des esclavagismes mentaux,
Je t’attends, non pour des offrandes.
La plus précieuse dont l’absence me rend vide c’est toi.
J’imagine, je le sens que c’est réciproque. Mais nous sommes pleins en même temps
Et toujours en mouvement.
Notre délire électro-magnétique, nucléaire et j’en passe, notre Amour, cet état inqualifiable tant il rassemble tous les phénomènes de recomposition, de recréation, ces loves-parties qui nous font chanceler
Tu me voudrais femme jusque dans l’écriture. Je le suis et ne le suis pas. Toujours est-il que je suis avec toi.
Je t’attends une nouvelle fois et les signes se précisent : j’ai moins peur. J’appréhende seulement la douche froide. Il n’y en aura plus après ?
J’étais le secret le mieux gardé du monde.
Désormais j’ai du mal à rompre ce secret universel,
Celui qui nous lie depuis toujours
Et à jamais.
Je voudrais déchirer les maigres clichés de toi que je garde dans ma poche et mon ciel où stagnent plusieurs petits nuages.
Mes yeux te disent tout dans le soleil
Et il fait soudain plus frais.
Si tu apparaissais par ce chemin, à ma droite, je te regarderais marcher, je serais calme, j’aurais toujours peur d’une trahison, tu t’assoirais sur une pierre percée, trouée par du thym et tu me parlerais, je regarderais le chemin par lequel tu es venu et ensuite le soleil en ouvrant encore plus grands
mes yeux et la bouche.
Mais tu viendras peut-être par la gauche, du côté du soleil et de l’ombre, moi qui ne t’imagine plus à force de t’imaginer, sinon en pin de Provence, la seule réalité palpable qui appelle les mouvements de ma tête et de mon corps tellement multiple parce que découpé dans le passé, pardon notre passé, celui qui empêche de vivre, le, notre présent.
C’est une équation que seul notre esprit commun peut résoudre, encore une fois dans la douleur, l’urgence et une certaine forme de gaieté car nous JOUONS (pas très éloigné de jouissons)
Je crois voir l’enseigne de l’hôtel Formule 1 où je devenais qui ? Tu le sais bien. Mais je crois que je me trompe. Je veux dire : ça ne doit pas être cet hôtel. Pour le reste, je suis sûr de ce que j’ai vécu : un rapprochement et une métamorphose immédiate. Il manquait sans doute ce verre de vin à boire et le croisement de nos regards pour que notre procédure spatiale et divine se déclenche et s’anime des jeux de nos hasards qui nous entourent et nous font tourner la tête dans le grand manège du Tout et jamais du Rien.
Mais tu ne viendras pas, je le sens, le soleil se déchire. Est-ce le manque de confiance en moi, the first step que tu connais ?
En même temps les nuages autour de moi ont disparu.
Mon corps bascule sur mon paquet de madeleines, et sur mes écrits, et sur les pierres entre lesquelles poussent des herbes sauvages tuées par la sécheresse de nos corps et de nos cieux où nos dieux s’agitent, se parlent, s’électrolysent en attendant le grand Toucher.
Tes avions et ceux de l’humanité se font des signes.
Est-ce suffisant ?
Un oiseau chante.
Peut-être est-ce l’heure de rentrer au pavillon et de retrouver le brouhaha des malades que nous aimantons malgré nous, que nous rendons encore plus fous, plus fous mais moins fous que notre folie.
Je t’attends une nouvelle fois.
Dévore-moi
Dans nos jungles divines Aussi belles que nos yeux dans les yeux
Je sais que ce sera Extra-Ordinaire
Et les mots aussi
Et nos peaux si anciennes
Et Neuves de notre Amour,
De nos liens, tous nos liens
J’imagine nos liens
Tous nos ressorts
Qui ne demandent qu’à rire
Et s’agiter dans tous les sens
Pour notre grande fête
Celle de nous deux et de l’humanité toute entière (except the bastards)
Prends-moi.
Je suis tout ouvert pour la traversée
De tous les sens de la vie
Immortelle.
Même s’il reste du bois mort
Nous le brûlerons dans le roulement de nos langues, de nos mains, et de nos corps imbriqués, imprégnés, liquéfiés dans les battements de nos lignes chinoises et des chemins parsemés de nouvelles fraises, framboises, et bananes, noix de coco, abricots, mangues, oranges et dattes.
Nous qui avons fait tomber les murs de l’argent et des esclavagismes mentaux,
Je t’attends, non pour des offrandes.
La plus précieuse dont l’absence me rend vide c’est toi.
J’imagine, je le sens que c’est réciproque. Mais nous sommes pleins en même temps
Et toujours en mouvement.
Notre délire électro-magnétique, nucléaire et j’en passe, notre Amour, cet état inqualifiable tant il rassemble tous les phénomènes de recomposition, de recréation, ces loves-parties qui nous font chanceler
Tu me voudrais femme jusque dans l’écriture. Je le suis et ne le suis pas. Toujours est-il que je suis avec toi.
Je t’attends une nouvelle fois et les signes se précisent : j’ai moins peur. J’appréhende seulement la douche froide. Il n’y en aura plus après ?
La guerre des satellites
J’avais enfoncé ma carte bleue dans l’appareil automatique qui me délivra une carte magnétique pour entrer dans ma chambre ainsi qu’un récipicé de paiement. Je gravis le premier étage de ce qui ressemblait à un petit ranch avec une terrasse donnant sur les voitures du parking. Je me trompais de chambre et entrai dans une occupé par un Maghrébin et sa femme. Il faisait chaud, ça faisait du bien. L’homme se leva précipitamment et prit une posture de défense. Il était beau. Je lui demandai pardon et trouvai enfin ma chambre.
La carte magnétique ne marchait pas. Je croyais qu’en reculant, en tournant le dos, en fixant des angles latéraux, je pouvais la faire ouvrir de mon regard laser de chat. Rien n’y fit. Je multipliais les opérations magiques. Sans réussite.
Je redescendis, achetai une nouvelle carte magnétique qui elle non plus ne fonctionna pas. Je recommençai une troisième fois l’opération, en vain.
Je pris la décision de dormir sur la terrasse. J’avais trop froid. Je rêvais d’une chambre chauffée où je pouvais mater une chaîne de cinéma comme l’indiquait la publicité. Au lieu de cela, je patientai debout à regarder les étoiles du ciel en fumant. Je fus surpris en réalisant que l’une d’elle se déplaça, puis une autre, puis une autre encore. Au total une dizaine de petites lumières du cosmos avaient bougé et s’étaient regroupés dans l’axe de mon regard. Je fus effrayé. J’étais persuadé qu’il s’agissait de satellites militaires de superpuissances et qu’elles allaient m’envoyer des missiles ou des rayons qui allaient me détruire sur place.
Motif : j’incarnais trop le diable, le concentré des forces maléfiques de cette humanité, j’allais ainsi la soulager du mal qu’elle portait en elle car ce mal s’était désormais déplacé d’elle en moi, c’était la fin, c’était sa purification en me rayant violemment de la carte.
Je protestais. Je parlais à voix basse, en tremblant mais en entrant dans une concentration et une solennité extrême pour rappeler que je me suis toujours battu pour l’émancipation des hommes et des femmes d’où qu’ils vivent, quelles que soient leurs conditions, avec une révolte particulière pour les plus démunis. Les souvenirs remontaient et j’ai raconté ma vie de reporter, comment j’étais allé au charbon, comment chaque immersion m’avait permis d’ajouter un segment à ma réflexion et que de manière pragmatique, je m’étais construis une vision du monde dans laquelle j’étais à la fois accablé par l’accélération de l’aliénation et affermi par un espoir que j’avais nourri dans les situations de guerre les plus désespérantes et dans les banlieues, les grèves, un centre de soin palliatif…, chez des hommes et des femmes qui choisissaient de ne pas renoncer. J’étais bluffé par les aptitudes chez les plus modestes à se relier dans le fleuve millénaire des luttes d’émancipation en s’y abreuvant et en le faisant grossir encore de leurs paroles et de leurs petits gestes d’attention et d’entraide, bref j’avais la vision d’une humanité en souffrance mais en marche dans une période de révolution technologique et de dictature des ventres et des esprits qui pouvait déboucher sur le pire mais réserver aussi quelques surprises par une réaction propre un jour à faire vraiment flipper les maîtres et baisser leur garde, rendre l’âme ou prendre la poudre d’escampette, victimes de la tourmente qu’ils auront provoquée dans leur aveuglement d’un pouvoir total sur les âmes et les corps. Je croyais au retournement de l’Histoire et je n’étais pas prêt à abandonner quand il s’agissait, moi le faible, d’écouter les plus faibles et de relayer leur vérité étant intimement persuadé que celle-ci était l’arme la plus tranchante et meurtrière face aux dragons de l’argent et des marchands de mort.
Une question vint s’insinuer dans mon esprit. Elle surgissait d’un des maîtres manipulateurs des satellites que j’avais en face de moi :
- Nous avons remarqué que vous protestez pendant vos pensées parasites. Mais nous sommes persuadés qu’à certains moments, ce sont des protestations d’usage et qu’en réalité vous n’éprouvez aucune émotion, vous baissez la garde. C’est bien cela le problème…
Je restai sans voix. D’autres étoiles-satellites s’agglutinèrent aux autres. J’étais dans le doute perpétuel. Et si la voix disait vrai. J’essayai de répondre à cette hypothèse même si au fond je la contestais mais quand bien même. J’avais les coudes posés sur la rambarde de bois, le corps cassé en deux, le cul en l’air et j’imaginais que dans une autre réalité j’étais actuellement âgé de vingt ans de moins, que j’avais été enlevé et que je me faisais enculer par un criminel nazi autrichien dans le Tyrol. Effectivement, je ne ressentais plus rien. Après autant de viols que je subissais en même temps que je parlais dans cet hôtel du Pontet à quelques kilomètres d’Avignon, j’étais devenu un objet mort, une poupée de chiffon que possédait ce vieillard hideux et libidineux. Mon dégoût m’avait anéanti, ôté tout espèce de sensation, de révolte, je n’existais plus, j’étais comme en état de mort clinique, peut-être sous l’effet d’une drogue ou d’une destruction telle que je ne la ressentais plus. Et je répondais à mon locuteur : vous voyez c’est bien ça le problème tant que je suis ici et en même temps au Tyrol sans défense face à cette charogne omnipotente, il se peut que je souffre de désordres émotionnels.
J’étais persuadé que j’avais trouvé la clé à une accusation dont moi-même, je ne pouvais évaluer la validité car j’imaginais qu’ils disposaient d’appareils de contrôle sophistiqués mesurant mes degrés d’émotivité et que je ne pouvais rien face à des données objectives.
C’était facile de me convaincre mais facile pour moi de trouver qu’il y avait en moi une thrombose, quelque chose de mort qui ne pouvait ressusciter et qu’il fallait faire avec. Je m’étais peut-être trop longtemps battu pour que je ne fus qu’un homme comme s’il fallait se battre pour le devenir. J’étais fatigué. Il était cinq heures du matin. J’avais faim et toujours froid, debout malgré les muscles qui lâchaient.
Me vint la conscience quand dans ma précédente vie, j’étais une femme allemande juive, enlevée puis transportée à Madagascar dans un laboratoire secret tenu par des médecins chercheurs fous nazis. Ils expérimentaient de nouveaux produits hautement toxiques sur mon corps. Je souffrais d’atroces douleurs. J’étais jetée dans les bras d’Africains que l’on forçait à me violer puis l’objet à nouveau de nouvelles expérimentations médicamenteuses qui ressemblaient à des poisons. J’ai aussi été abusée par des singes, des chiens et on me plaçait en même temps des électrodes pour y mesurer des courants électriques, d’autres pour m’envoyer des décharges. J’étais aussi le cobaye de tous les stimuli jusqu’à ce que je sois libérée à la fin de la guerre, clocharde et mendiante dans les rues de Tananarive.
Et une phrase m’obsédait : je ne ressens aucune émotion. Je hurlais au ciel : vous trouvez que je ne ressens aucune émotion ? Vous avez ce culot-là ? Et en moi-même, je me murmurais que je ne ressentais aucune émotion et j’étais effondré, annihilé, réifié comme mon double dans le Tyrol Autrichien ou ma précédente enveloppe humaine à Madagascar.
Les étoiles qui avaient bougé se remirent à se mouvoir, à quitter l’axe de ma vue où elles s’étaient regroupées pour retrouver leur positions initiale. Le jour se leva. Les étoiles disparurent. A droite, je vis d’épaisses fumées. L’incendie semblait gigantesque. Ces fumées se transformèrent bientôt en nuages qui prirent la forme d’un Airbus géant qui s’avançait doucement vers moi. Je me dis que le Joueur était à bord et qu’il venait enfin me chercher. Arrivé à ma hauteur, il disparut de ma vue.
Il était huit heures. Des clients de l’hôtel descendaient à la cafeteria. J’étais sur le parking. Et j’entendis que j’avais gagné le plus grand round de l’histoire secrète de l’humanité. Jamais les adversaires n’avaient concentré autant de moyens techniques pour me déstabiliser mais mon discours les fit capituler. Le champ était libre pour crier victoire. Finalement, c’était moi, en résistant, qui avait fait fuir les forces du mal. N’importe quel homme ou femme que je rencontrerais m’en serait désormais reconnaissant et me conduirait à Versailles où le Joueur le « roi-martien-soleil au service de tous » voulait me retrouver. Il suffisait que je demande à cet homme qui verrouillait la portière de sa berline de m’y conduire. Je n’osais pas. J’interrogeais les signes qui me dirent : allez, un peu de courage ! Je m’approchai, bafouillai :
- Excusez-moi… Vous n’êtes pas libre maintenant pour me conduire à Versailles ?
- Non pas vraiment. Désolé.
Je m’étais encore planté. J’entrai dans la cafeteria. J’expliquai à la patronne que j’avais été grugé par la machine, que j’avais dormi dehors, qu’il était hors de question que je paye le petit déjeuner. Elle me regarda par en dessous, me demanda ma carte bleue, m’autorisa à manger. Je regardai un poster de la demeure des papes d’Avignon : je me dis que j’allais être reçu là-bas, puis une image de Châteauneuf du pape : c’est bien nous boirons le Joueur et moi du bon vin. C’était peut-être comme ça la fin.
Un phénomène étrange se produisit. Au cours de la nuit, j’avais perdu mes verres de contact pendant mon discours-fleuve et là, j’avais retrouvé une vue parfaite. Ma myopie avait été soignée ! De nouveaux signes me dirent que cette fois-ci c’était fini, je pouvais jeter mon sac par exemple dehors sur la pelouse, si ça m’était égal. Je ne me fis pas prier : il avait été tellement lourd.
La patronne revient avec un regard franchement hostile. Elle me demanda de ramasser mon sac. Je refusai. Des voix me dirent que je pouvais me permettre de la renvoyer chier. Elle se coucherait facilement. C’est ce que fis et elle disparut à nouveau.
Pendant le café, d’autres signes me dirent que je ne retournerai jamais en vacances sur les plages de Nantes que j’avais trop usées. Je n’irais pas non plus dans les pays d’Afrique de l’Ouest producteur de café, que je ne boirai plus de café, que ce breuvage était un ennemi pour moi. J’étais désagréablement troublé par ces révélations et me dis : attendons qu’on me le dise en voix propre. C’était tout de même curieux.
D’autres signes me dirent que depuis ce matin, la gratuité s’était installée sur la terre
Les clients qui m’entouraient en tiraient bénéfice sans surprise ni joie extrême en vivant cela comme si elle avait existé depuis longtemps. En revanche, le fait que je sois encore détenteur d’une carte bancaire indiquait que j’appartenais au clan des voyous que la vague paradisiaque avait exclu de ses titulaires. Le fait de l’avoir présentée à la patronne et de l’avoir presque engueulée signait mon appartenance aux clans à certains délinquants « en col blanc » ou trop salauds exclus de l’Eden.
Elle revint et me regarda d’un air carrément suspicieux. Me demanda de me calmer et de ramasser mon sac. Je refusai. Des gendarmes se présentèrent, me demandèrent de les suivre. Je crus que c’était une escorte officielle pour m’emmener à Versailles. C’est à ce moment-là que je ne pus m’empêcher de réintégrer le Chanteur comme complément amoureux de notre dispositif cosmique avec le Joueur. Et j’étais gêné car je voyais mal la vie à trois dans ce château _qui ne me convenait pas d’ailleurs car j’étais résolument républicain et partisan des visites publiques de l’édifice_ et surtout j’éprouvai des difficultés à imaginer la place que le Chanteur occuperait. J’étais décidément accroché au Joueur. Ma tête fut saisie d’un violent tremblement qui la fit monter vers le soleil depuis le fourgon et je fus surpris de voir distinctement une tête de mort à l’intérieur de l’astre qui n’avait jamais été gros et pâle à cet instant-là. Je fus pris de panique et pensai à mes origines nantaises, au soleil qui clama sa colère contre la traite des Noirs et peut-être son désaccord avec l’idée d’ajouter le Chanteur au Joueur.
On me fit attendre dans les locaux de la gendarmerie. Le soleil devint plus puissant. Mon visage se mit à sa hauteur par la procédure du guidage automatique qui ne me fit pas en décoller. J’enlevais mes vêtements du haut et me caressai les seins quand l’adjudant arriva. Il protesta, demanda de me rhabiller et procéda à un interrogatoire d’identité.
Les pandores m’emmenèrent aux Urgences. J’attendis dans une salle blanche où pendirent des fils électriques dénudés. J’imaginai que me mère avait été torturée à l’électricité pendant la deuxième guerre et je me tordais de douleur car je revivais la scène toutes les trois minutes. Je pensais que la République voulait m’ausculter avant de me conduire à Versailles. Un médecin me posa des questions banales qui n’avaient rien à voir avec des désordres mentaux.
Les gendarmes me firent à nouveau monter dans leur fourgon. A ma question, ils me confirmèrent qu’ils ne m’emmenaient pas à Versailles, cette foutue destination qui m’emmerdait en même temps car je n’aimais pas les monarchies.
Le véhicule entra sous un porche où s’enfilaient une série de bâtiments bas à l’intérieur d’une forêt de pins. Je crus reconnaitre l’endroit alors que je n’y étais jamais allé. Cette familiarité me fit penser que j’avais bien connu l’endroit dans une vie antérieure.
Des infirmières me réceptionnèrent. Un médecin au visage avenant m’accueillit. Lui aussi, je crus l’avoir déjà rencontré dans le passé. Il n’était pas de la Maison Blanche de Paris. Mais cette fois encore, je me retrouvai à l’hôpital psychiatrique.
I
J’avais enfoncé ma carte bleue dans l’appareil automatique qui me délivra une carte magnétique pour entrer dans ma chambre ainsi qu’un récipicé de paiement. Je gravis le premier étage de ce qui ressemblait à un petit ranch avec une terrasse donnant sur les voitures du parking. Je me trompais de chambre et entrai dans une occupé par un Maghrébin et sa femme. Il faisait chaud, ça faisait du bien. L’homme se leva précipitamment et prit une posture de défense. Il était beau. Je lui demandai pardon et trouvai enfin ma chambre.
La carte magnétique ne marchait pas. Je croyais qu’en reculant, en tournant le dos, en fixant des angles latéraux, je pouvais la faire ouvrir de mon regard laser de chat. Rien n’y fit. Je multipliais les opérations magiques. Sans réussite.
Je redescendis, achetai une nouvelle carte magnétique qui elle non plus ne fonctionna pas. Je recommençai une troisième fois l’opération, en vain.
Je pris la décision de dormir sur la terrasse. J’avais trop froid. Je rêvais d’une chambre chauffée où je pouvais mater une chaîne de cinéma comme l’indiquait la publicité. Au lieu de cela, je patientai debout à regarder les étoiles du ciel en fumant. Je fus surpris en réalisant que l’une d’elle se déplaça, puis une autre, puis une autre encore. Au total une dizaine de petites lumières du cosmos avaient bougé et s’étaient regroupés dans l’axe de mon regard. Je fus effrayé. J’étais persuadé qu’il s’agissait de satellites militaires de superpuissances et qu’elles allaient m’envoyer des missiles ou des rayons qui allaient me détruire sur place.
Motif : j’incarnais trop le diable, le concentré des forces maléfiques de cette humanité, j’allais ainsi la soulager du mal qu’elle portait en elle car ce mal s’était désormais déplacé d’elle en moi, c’était la fin, c’était sa purification en me rayant violemment de la carte.
Je protestais. Je parlais à voix basse, en tremblant mais en entrant dans une concentration et une solennité extrême pour rappeler que je me suis toujours battu pour l’émancipation des hommes et des femmes d’où qu’ils vivent, quelles que soient leurs conditions, avec une révolte particulière pour les plus démunis. Les souvenirs remontaient et j’ai raconté ma vie de reporter, comment je suis allé au charbon, comment chaque immersion m’avait permis d’ajouter un segment à ma réflexion et que de manière pragmatique, je m’étais construis une vision du monde dans laquelle j’étais à la fois accablé par l’accélération de l’aliénation et affermi par un espoir que j’avais nourri dans les situations de guerre les plus désespérantes et dans les banlieues, les grèves, un centre de soin palliatif…, chez des hommes et des femmes qui choisissaient de ne pas renoncer. J’étais bluffé par les aptitudes chez les plus modestes à se relier dans le fleuve millénaire des luttes d’émancipation en s’y abreuvant et en le faisant grossir encore de leurs paroles et de leurs petits gestes d’attention et d’entraide, bref j’avais la vision d’une humanité en souffrance mais en marche dans une période de révolution technologique et de dictature des ventres et des esprits qui pouvait déboucher sur le pire mais réserver aussi quelques surprises par une réaction propre un jour à faire vraiment flipper les maîtres et baisser leur garde, rendre l’âme ou prendre la poudre d’escampette, victimes de la tourmente qu’ils auront provoquée dans leur aveuglement d’un pouvoir total sur les âmes et les corps. Je croyais au retournement de l’Histoire et je n’étais pas prêt à abandonner quand il s’agissait, moi le faible, d’écouter les plus faibles et de relayer leur vérité étant intimement persuadé que celle-ci était l’arme la plus tranchante et meurtrière face aux dragons de l’argent et des marchands de mort.
Une question vint s’insinuer dans mon esprit. Elle surgissait d’un des maîtres manipulateurs des satellites que j’avais en face de moi :
- Nous avons remarqué que vous protestez pendant vos pensées parasites. Mais nous sommes persuadés qu’à certains moments, ce sont des protestations d’usage et qu’en réalité vous n’éprouvez aucune émotion, vous baissez la garde. C’est bien cela le problème…
Je restai sans voix. D’autres étoiles-satellites s’agglutinèrent aux autres. J’étais dans le doute perpétuel. Et si la voix disait vrai. J’essayai de répondre à cette hypothèse même si au fond je la contestais mais quand bien même. J’avais les coudes posés sur la rambarde de bois, le corps cassé en deux, le cul en l’air et j’imaginais que dans une autre réalité j’étais actuellement âgé de vingt ans de moins, que j’avais été enlevé et que je me faisais enculer par un criminel nazi autrichien dans le Tyrol. Effectivement, je ne ressentais plus rien. Après autant de viols que je subissais en même temps que je parlais dans cet hôtel du Pontet à quelques kilomètres d’Avignon, j’étais devenu un objet mort, une poupée de chiffon que possédait ce vieillard hideux et libidineux. Mon dégoût m’avait anéanti, ôté tout espèce de sensation, de révolte, je n’existais plus, j’étais comme en état de mort clinique, peut-être sous l’effet d’une drogue ou d’une destruction telle que je ne ressentais plus. Et je répondais à mon locuteur : vous voyez c’est bien ça le problème tant que je suis ici et en même temps au Tyrol sans défense face à cette charogne omnipotent, il se peut que je souffre de désordres émotionnels.
J’étais persuadé que j’avais trouvé la clé à une accusation dont moi-même, je ne pouvais évaluer la validité car j’imaginais qu’ils disposaient d’appareils de contrôle sophistiqués mesurant mes degrés d’émotivité et que je ne pouvais rien face à des données objectives.
C’était facile de me convaincre mais facile pour moi de trouver qu’il y avait en moi une thrombose, quelque chose de mort qui ne pouvait ressusciter et qu’il fallait faire avec. Je m’étais peut-être trop longtemps battu pour que je ne sois qu’un homme comme s’il fallait se battre pour le devenir. J’étais fatigué. Il était cinq heures du matin. J’avais faim et toujours froid, debout malgré les muscles qui lâchaient.
Me vint la conscience quand dans ma précédente vie, j’étais une femme allemande juive, enlevée puis transportée à Madagascar dans un laboratoire secret tenu par des médecins chercheurs fous nazis. Ils expérimentaient de nouveaux produits hautement toxiques sur mon corps. Je souffrais d’atroces douleurs. J’étais jetée dans les bras d’Africains que l’on forçait à me violer puis l’objet à nouveau de nouvelles expérimentations médicamenteuses qui ressemblaient à des poisons. J’ai aussi été abusée par des singes, des chiens et on me plaçait en même temps des électrodes pour y mesurer des courants électriques, d’autres pour m’envoyer des décharges. J’étais aussi le cobaye de tous les stimuli jusqu’à ce que je sois libérée à la fin de la guerre, clocharde et mendiante dans les rues de Tananarive.
Et une phrase m’obsédait : je ne ressens aucune émotion. Je hurlais au ciel : vous trouvez que je ne ressens aucune émotion ? Vous avez ce culot-là ? Et en moi-même, je me murmurais que je ne ressentais aucune émotion et j’étais effondré, annihilé, réifié comme mon double dans le Tyrol Autrichien ou ma précédente enveloppe humaine à Madagascar.
Les étoiles qui avaient bougé se remirent à se mouvoir, à quitter l’axe de ma vue où elles s’étaient regroupées pour retrouver leur positions initiale. Le jour se leva. Les étoiles disparurent. A droite, je vis d’épaisses fumées. L’incendie semblait gigantesque. Ces fumées se transformèrent bientôt en nuages qui prirent la forme d’un Airbus géant qui s’avançait doucement vers moi. Je me dis qu’Adil était à bord et qu’il venait enfin me chercher. Arrivé à ma hauteur, il disparut de ma vue.
Il était huit heures. Des clients de l’hôtel descendaient à la cafeteria. J’étais sur le parking. Et j’entendis que j’avais gagné le plus grand round de l’histoire secrète de l’humanité. Jamais les adversaires n’avaient concentré autant de moyens techniques pour me déstabiliser mais mon discours les fit capituler. Le champ était libre pour crier victoire. Finalement, c’était moi, en résistant, qui avait fait fuir les forces du mal. N’importe quel homme ou femme que je rencontrerais m’en serait désormais reconnaissant et me conduirait à Versailles où Adil le « roi-martien-soleil au service de tous » voulait me retrouver. Il suffisait que je demande à cet homme qui verrouillait la portière de sa berline de m’y conduire. Je n’osais pas. J’interrogeais les signes qui me dirent : allez, un peu de courage ! Je m’approchai, bafouillai :
- Excusez-moi… Vous n’êtes pas libre maintenant pour me conduire à Versailles ?
- Non pas vraiment. Désolé.
Je m’étais encore planté. J’entrai dans la cafeteria. J’expliquai à la patronne que j’avais été grugé par la machine, que j’avais dormi dehors, qu’il était hors de question que je paye le petit déjeuner. Elle me regarda par en dessous, me demanda ma carte bleue, m’autorisa à manger. Je regardai un poster de la demeure des papes d’Avignon : je me dis que j’allais être reçu là-bas, puis une image de Châteauneuf du pape : c’est bien nous boirons Adil et moi du bon vin. C’était peut-être comme ça la fin.
Un phénomène étrange se produisit. Au cours de la nuit, j’avais perdu mes verres de contact pendant mon discours-fleuve et là, j’avais retrouvé une vue parfaite. Ma myopie avait été soignée ! De nouveaux signes me dirent que cette fois-ci c’était fini, je pouvais jeter mon sac par exemple dehors sur la pelouse, si ça m’était égal. Je ne me fis pas prier : il avait été tellement lourd.
La patronne revient avec un regard franchement hostile. Elle me demanda de ramasser mon sac. Je refusai. Des voix me dirent que je pouvais me permettre de la renvoyer chier. Elle se coucherait facilement. C’est ce que fis et elle disparut à nouveau.
Pendant le café, d’autres signes me dirent que je ne retournerai jamais en vacances sur les plages de Nantes que j’ai trop usé. Je n’irais pas non plus dans les pays d’Afrique de l’Ouest producteur de café, que je ne boirai plus de café, que ce breuvage était un ennemi pour moi. J’étais désagréablement troublé par ces révélations et me dis : attendons qu’on me le dise en voix propre. C’est tout de même curieux.
D’autres signes me dirent que depuis ce matin, la gratuité s’était installée sur la terre
Les clients qui m’entouraient en tiraient bénéfice sans surprise ni joie extrême en vivant cela comme si elle avait existé depuis longtemps. En revanche, le fait que je sois encore détenteur d’une carte bancaire indiquait que j’appartenais au clan des voyous que la vague paradisiaque avait exclu de ses titulaires. Le fait de l’avoir présentée à la patronne et de l’avoir presque engueulée signait mon appartenance aux clans des délinquants exclus de l’Eden.
Elle revint et me regarda d’un air carrément suspicieux. Me demanda de me calmer et de ramasser mon sac. Je refusai. Des gendarmes se présentèrent, me demandèrent de les suivre. Je crus que c’était une escorte officielle pour m’emmener à Versailles. C’est à ce moment-là que je ne pus m’empêcher de réintégrer DJ Cosmique comme complément amoureux de notre dispositif cosmique avec Adil. Et j’étais gêné car je voyais mal la vie à trois dans ce château _qui ne me convenait pas d’ailleurs car j’étais résolument républicain et partisan des visites publiques de l’édifice_ et surtout j’éprouvai des difficultés à imaginer la place que le chanteur occuperait. J’étais décidément accroché à Adil Abker. Ma tête fut saisi d’un violent tremblement qui la fit monter vers le soleil depuis le fourgon et je fus surpris de voir distinctement une tête de mort à l’intérieur de l’astre qui n’avait jamais été gros et pâle à cet instant-là. Je fus pris de panique et pensai à mes origines nantaises, au soleil qui clama sa colère contre la traite des Noirs et peut-être son désaccord avec l’idée d’ajouter à Adil DJ Cosmique.
On me fit attendre dans les locaux de la gendarmerie. Le soleil devint plus puissant. Mon visage se mit à sa hauteur par la procédure du guidage automatique qui ne me fit pas en décoller. J’enlevais mes vêtements du haut et me caressai les seins quand l’adjudant arriva. Il protesta, demanda de me rhabiller et procéda à un interrogatoire d’identité.
Les pandores m’emmenèrent aux Urgences. J’attendis dans une salle blanche où pendirent des fils électriques dénudés. J’imaginai que me mère avait été torturée à l’électricité pendant la deuxième guerre et je me tordais de douleur car je revivais la scène toutes les trois minutes. Je pensais que la République voulait m’ausculter avant de me conduire à Versailles. Un médecin me posa des questions banales qui n’avaient rien à voir avec des désordres mentaux.
Les gendarmes me firent à nouveau monter dans leur fourgon. A ma question, ils me confirmèrent qu’ils ne m’emmenaient pas à Versailles, cette foutue destination qui m’emmerdait en même temps car je n’aime pas les monarchies.
Le véhicule entra sous un porche où s’enfilaient une série de bâtiments bas à l’intérieur d’une forêt de pins. Je crus reconnaitre l’endroit alors que je n’y étais jamais allé. Cette familiarité me fit penser que j’avais bien connu l’endroit dans une vie antérieure.
Des infirmières me réceptionnèrent. Un médecin au visage avenant m’accueillit. Lui aussi, je crus l’avoir déjà rencontré dans le passé. Il n’était pas de la Maison Blanche de Paris. Mais cette fois encore, je me retrouvai à l’hôpital psychiatrique.
La carte magnétique ne marchait pas. Je croyais qu’en reculant, en tournant le dos, en fixant des angles latéraux, je pouvais la faire ouvrir de mon regard laser de chat. Rien n’y fit. Je multipliais les opérations magiques. Sans réussite.
Je redescendis, achetai une nouvelle carte magnétique qui elle non plus ne fonctionna pas. Je recommençai une troisième fois l’opération, en vain.
Je pris la décision de dormir sur la terrasse. J’avais trop froid. Je rêvais d’une chambre chauffée où je pouvais mater une chaîne de cinéma comme l’indiquait la publicité. Au lieu de cela, je patientai debout à regarder les étoiles du ciel en fumant. Je fus surpris en réalisant que l’une d’elle se déplaça, puis une autre, puis une autre encore. Au total une dizaine de petites lumières du cosmos avaient bougé et s’étaient regroupés dans l’axe de mon regard. Je fus effrayé. J’étais persuadé qu’il s’agissait de satellites militaires de superpuissances et qu’elles allaient m’envoyer des missiles ou des rayons qui allaient me détruire sur place.
Motif : j’incarnais trop le diable, le concentré des forces maléfiques de cette humanité, j’allais ainsi la soulager du mal qu’elle portait en elle car ce mal s’était désormais déplacé d’elle en moi, c’était la fin, c’était sa purification en me rayant violemment de la carte.
Je protestais. Je parlais à voix basse, en tremblant mais en entrant dans une concentration et une solennité extrême pour rappeler que je me suis toujours battu pour l’émancipation des hommes et des femmes d’où qu’ils vivent, quelles que soient leurs conditions, avec une révolte particulière pour les plus démunis. Les souvenirs remontaient et j’ai raconté ma vie de reporter, comment j’étais allé au charbon, comment chaque immersion m’avait permis d’ajouter un segment à ma réflexion et que de manière pragmatique, je m’étais construis une vision du monde dans laquelle j’étais à la fois accablé par l’accélération de l’aliénation et affermi par un espoir que j’avais nourri dans les situations de guerre les plus désespérantes et dans les banlieues, les grèves, un centre de soin palliatif…, chez des hommes et des femmes qui choisissaient de ne pas renoncer. J’étais bluffé par les aptitudes chez les plus modestes à se relier dans le fleuve millénaire des luttes d’émancipation en s’y abreuvant et en le faisant grossir encore de leurs paroles et de leurs petits gestes d’attention et d’entraide, bref j’avais la vision d’une humanité en souffrance mais en marche dans une période de révolution technologique et de dictature des ventres et des esprits qui pouvait déboucher sur le pire mais réserver aussi quelques surprises par une réaction propre un jour à faire vraiment flipper les maîtres et baisser leur garde, rendre l’âme ou prendre la poudre d’escampette, victimes de la tourmente qu’ils auront provoquée dans leur aveuglement d’un pouvoir total sur les âmes et les corps. Je croyais au retournement de l’Histoire et je n’étais pas prêt à abandonner quand il s’agissait, moi le faible, d’écouter les plus faibles et de relayer leur vérité étant intimement persuadé que celle-ci était l’arme la plus tranchante et meurtrière face aux dragons de l’argent et des marchands de mort.
Une question vint s’insinuer dans mon esprit. Elle surgissait d’un des maîtres manipulateurs des satellites que j’avais en face de moi :
- Nous avons remarqué que vous protestez pendant vos pensées parasites. Mais nous sommes persuadés qu’à certains moments, ce sont des protestations d’usage et qu’en réalité vous n’éprouvez aucune émotion, vous baissez la garde. C’est bien cela le problème…
Je restai sans voix. D’autres étoiles-satellites s’agglutinèrent aux autres. J’étais dans le doute perpétuel. Et si la voix disait vrai. J’essayai de répondre à cette hypothèse même si au fond je la contestais mais quand bien même. J’avais les coudes posés sur la rambarde de bois, le corps cassé en deux, le cul en l’air et j’imaginais que dans une autre réalité j’étais actuellement âgé de vingt ans de moins, que j’avais été enlevé et que je me faisais enculer par un criminel nazi autrichien dans le Tyrol. Effectivement, je ne ressentais plus rien. Après autant de viols que je subissais en même temps que je parlais dans cet hôtel du Pontet à quelques kilomètres d’Avignon, j’étais devenu un objet mort, une poupée de chiffon que possédait ce vieillard hideux et libidineux. Mon dégoût m’avait anéanti, ôté tout espèce de sensation, de révolte, je n’existais plus, j’étais comme en état de mort clinique, peut-être sous l’effet d’une drogue ou d’une destruction telle que je ne la ressentais plus. Et je répondais à mon locuteur : vous voyez c’est bien ça le problème tant que je suis ici et en même temps au Tyrol sans défense face à cette charogne omnipotente, il se peut que je souffre de désordres émotionnels.
J’étais persuadé que j’avais trouvé la clé à une accusation dont moi-même, je ne pouvais évaluer la validité car j’imaginais qu’ils disposaient d’appareils de contrôle sophistiqués mesurant mes degrés d’émotivité et que je ne pouvais rien face à des données objectives.
C’était facile de me convaincre mais facile pour moi de trouver qu’il y avait en moi une thrombose, quelque chose de mort qui ne pouvait ressusciter et qu’il fallait faire avec. Je m’étais peut-être trop longtemps battu pour que je ne fus qu’un homme comme s’il fallait se battre pour le devenir. J’étais fatigué. Il était cinq heures du matin. J’avais faim et toujours froid, debout malgré les muscles qui lâchaient.
Me vint la conscience quand dans ma précédente vie, j’étais une femme allemande juive, enlevée puis transportée à Madagascar dans un laboratoire secret tenu par des médecins chercheurs fous nazis. Ils expérimentaient de nouveaux produits hautement toxiques sur mon corps. Je souffrais d’atroces douleurs. J’étais jetée dans les bras d’Africains que l’on forçait à me violer puis l’objet à nouveau de nouvelles expérimentations médicamenteuses qui ressemblaient à des poisons. J’ai aussi été abusée par des singes, des chiens et on me plaçait en même temps des électrodes pour y mesurer des courants électriques, d’autres pour m’envoyer des décharges. J’étais aussi le cobaye de tous les stimuli jusqu’à ce que je sois libérée à la fin de la guerre, clocharde et mendiante dans les rues de Tananarive.
Et une phrase m’obsédait : je ne ressens aucune émotion. Je hurlais au ciel : vous trouvez que je ne ressens aucune émotion ? Vous avez ce culot-là ? Et en moi-même, je me murmurais que je ne ressentais aucune émotion et j’étais effondré, annihilé, réifié comme mon double dans le Tyrol Autrichien ou ma précédente enveloppe humaine à Madagascar.
Les étoiles qui avaient bougé se remirent à se mouvoir, à quitter l’axe de ma vue où elles s’étaient regroupées pour retrouver leur positions initiale. Le jour se leva. Les étoiles disparurent. A droite, je vis d’épaisses fumées. L’incendie semblait gigantesque. Ces fumées se transformèrent bientôt en nuages qui prirent la forme d’un Airbus géant qui s’avançait doucement vers moi. Je me dis que le Joueur était à bord et qu’il venait enfin me chercher. Arrivé à ma hauteur, il disparut de ma vue.
Il était huit heures. Des clients de l’hôtel descendaient à la cafeteria. J’étais sur le parking. Et j’entendis que j’avais gagné le plus grand round de l’histoire secrète de l’humanité. Jamais les adversaires n’avaient concentré autant de moyens techniques pour me déstabiliser mais mon discours les fit capituler. Le champ était libre pour crier victoire. Finalement, c’était moi, en résistant, qui avait fait fuir les forces du mal. N’importe quel homme ou femme que je rencontrerais m’en serait désormais reconnaissant et me conduirait à Versailles où le Joueur le « roi-martien-soleil au service de tous » voulait me retrouver. Il suffisait que je demande à cet homme qui verrouillait la portière de sa berline de m’y conduire. Je n’osais pas. J’interrogeais les signes qui me dirent : allez, un peu de courage ! Je m’approchai, bafouillai :
- Excusez-moi… Vous n’êtes pas libre maintenant pour me conduire à Versailles ?
- Non pas vraiment. Désolé.
Je m’étais encore planté. J’entrai dans la cafeteria. J’expliquai à la patronne que j’avais été grugé par la machine, que j’avais dormi dehors, qu’il était hors de question que je paye le petit déjeuner. Elle me regarda par en dessous, me demanda ma carte bleue, m’autorisa à manger. Je regardai un poster de la demeure des papes d’Avignon : je me dis que j’allais être reçu là-bas, puis une image de Châteauneuf du pape : c’est bien nous boirons le Joueur et moi du bon vin. C’était peut-être comme ça la fin.
Un phénomène étrange se produisit. Au cours de la nuit, j’avais perdu mes verres de contact pendant mon discours-fleuve et là, j’avais retrouvé une vue parfaite. Ma myopie avait été soignée ! De nouveaux signes me dirent que cette fois-ci c’était fini, je pouvais jeter mon sac par exemple dehors sur la pelouse, si ça m’était égal. Je ne me fis pas prier : il avait été tellement lourd.
La patronne revient avec un regard franchement hostile. Elle me demanda de ramasser mon sac. Je refusai. Des voix me dirent que je pouvais me permettre de la renvoyer chier. Elle se coucherait facilement. C’est ce que fis et elle disparut à nouveau.
Pendant le café, d’autres signes me dirent que je ne retournerai jamais en vacances sur les plages de Nantes que j’avais trop usées. Je n’irais pas non plus dans les pays d’Afrique de l’Ouest producteur de café, que je ne boirai plus de café, que ce breuvage était un ennemi pour moi. J’étais désagréablement troublé par ces révélations et me dis : attendons qu’on me le dise en voix propre. C’était tout de même curieux.
D’autres signes me dirent que depuis ce matin, la gratuité s’était installée sur la terre
Les clients qui m’entouraient en tiraient bénéfice sans surprise ni joie extrême en vivant cela comme si elle avait existé depuis longtemps. En revanche, le fait que je sois encore détenteur d’une carte bancaire indiquait que j’appartenais au clan des voyous que la vague paradisiaque avait exclu de ses titulaires. Le fait de l’avoir présentée à la patronne et de l’avoir presque engueulée signait mon appartenance aux clans à certains délinquants « en col blanc » ou trop salauds exclus de l’Eden.
Elle revint et me regarda d’un air carrément suspicieux. Me demanda de me calmer et de ramasser mon sac. Je refusai. Des gendarmes se présentèrent, me demandèrent de les suivre. Je crus que c’était une escorte officielle pour m’emmener à Versailles. C’est à ce moment-là que je ne pus m’empêcher de réintégrer le Chanteur comme complément amoureux de notre dispositif cosmique avec le Joueur. Et j’étais gêné car je voyais mal la vie à trois dans ce château _qui ne me convenait pas d’ailleurs car j’étais résolument républicain et partisan des visites publiques de l’édifice_ et surtout j’éprouvai des difficultés à imaginer la place que le Chanteur occuperait. J’étais décidément accroché au Joueur. Ma tête fut saisie d’un violent tremblement qui la fit monter vers le soleil depuis le fourgon et je fus surpris de voir distinctement une tête de mort à l’intérieur de l’astre qui n’avait jamais été gros et pâle à cet instant-là. Je fus pris de panique et pensai à mes origines nantaises, au soleil qui clama sa colère contre la traite des Noirs et peut-être son désaccord avec l’idée d’ajouter le Chanteur au Joueur.
On me fit attendre dans les locaux de la gendarmerie. Le soleil devint plus puissant. Mon visage se mit à sa hauteur par la procédure du guidage automatique qui ne me fit pas en décoller. J’enlevais mes vêtements du haut et me caressai les seins quand l’adjudant arriva. Il protesta, demanda de me rhabiller et procéda à un interrogatoire d’identité.
Les pandores m’emmenèrent aux Urgences. J’attendis dans une salle blanche où pendirent des fils électriques dénudés. J’imaginai que me mère avait été torturée à l’électricité pendant la deuxième guerre et je me tordais de douleur car je revivais la scène toutes les trois minutes. Je pensais que la République voulait m’ausculter avant de me conduire à Versailles. Un médecin me posa des questions banales qui n’avaient rien à voir avec des désordres mentaux.
Les gendarmes me firent à nouveau monter dans leur fourgon. A ma question, ils me confirmèrent qu’ils ne m’emmenaient pas à Versailles, cette foutue destination qui m’emmerdait en même temps car je n’aimais pas les monarchies.
Le véhicule entra sous un porche où s’enfilaient une série de bâtiments bas à l’intérieur d’une forêt de pins. Je crus reconnaitre l’endroit alors que je n’y étais jamais allé. Cette familiarité me fit penser que j’avais bien connu l’endroit dans une vie antérieure.
Des infirmières me réceptionnèrent. Un médecin au visage avenant m’accueillit. Lui aussi, je crus l’avoir déjà rencontré dans le passé. Il n’était pas de la Maison Blanche de Paris. Mais cette fois encore, je me retrouvai à l’hôpital psychiatrique.
I
J’avais enfoncé ma carte bleue dans l’appareil automatique qui me délivra une carte magnétique pour entrer dans ma chambre ainsi qu’un récipicé de paiement. Je gravis le premier étage de ce qui ressemblait à un petit ranch avec une terrasse donnant sur les voitures du parking. Je me trompais de chambre et entrai dans une occupé par un Maghrébin et sa femme. Il faisait chaud, ça faisait du bien. L’homme se leva précipitamment et prit une posture de défense. Il était beau. Je lui demandai pardon et trouvai enfin ma chambre.
La carte magnétique ne marchait pas. Je croyais qu’en reculant, en tournant le dos, en fixant des angles latéraux, je pouvais la faire ouvrir de mon regard laser de chat. Rien n’y fit. Je multipliais les opérations magiques. Sans réussite.
Je redescendis, achetai une nouvelle carte magnétique qui elle non plus ne fonctionna pas. Je recommençai une troisième fois l’opération, en vain.
Je pris la décision de dormir sur la terrasse. J’avais trop froid. Je rêvais d’une chambre chauffée où je pouvais mater une chaîne de cinéma comme l’indiquait la publicité. Au lieu de cela, je patientai debout à regarder les étoiles du ciel en fumant. Je fus surpris en réalisant que l’une d’elle se déplaça, puis une autre, puis une autre encore. Au total une dizaine de petites lumières du cosmos avaient bougé et s’étaient regroupés dans l’axe de mon regard. Je fus effrayé. J’étais persuadé qu’il s’agissait de satellites militaires de superpuissances et qu’elles allaient m’envoyer des missiles ou des rayons qui allaient me détruire sur place.
Motif : j’incarnais trop le diable, le concentré des forces maléfiques de cette humanité, j’allais ainsi la soulager du mal qu’elle portait en elle car ce mal s’était désormais déplacé d’elle en moi, c’était la fin, c’était sa purification en me rayant violemment de la carte.
Je protestais. Je parlais à voix basse, en tremblant mais en entrant dans une concentration et une solennité extrême pour rappeler que je me suis toujours battu pour l’émancipation des hommes et des femmes d’où qu’ils vivent, quelles que soient leurs conditions, avec une révolte particulière pour les plus démunis. Les souvenirs remontaient et j’ai raconté ma vie de reporter, comment je suis allé au charbon, comment chaque immersion m’avait permis d’ajouter un segment à ma réflexion et que de manière pragmatique, je m’étais construis une vision du monde dans laquelle j’étais à la fois accablé par l’accélération de l’aliénation et affermi par un espoir que j’avais nourri dans les situations de guerre les plus désespérantes et dans les banlieues, les grèves, un centre de soin palliatif…, chez des hommes et des femmes qui choisissaient de ne pas renoncer. J’étais bluffé par les aptitudes chez les plus modestes à se relier dans le fleuve millénaire des luttes d’émancipation en s’y abreuvant et en le faisant grossir encore de leurs paroles et de leurs petits gestes d’attention et d’entraide, bref j’avais la vision d’une humanité en souffrance mais en marche dans une période de révolution technologique et de dictature des ventres et des esprits qui pouvait déboucher sur le pire mais réserver aussi quelques surprises par une réaction propre un jour à faire vraiment flipper les maîtres et baisser leur garde, rendre l’âme ou prendre la poudre d’escampette, victimes de la tourmente qu’ils auront provoquée dans leur aveuglement d’un pouvoir total sur les âmes et les corps. Je croyais au retournement de l’Histoire et je n’étais pas prêt à abandonner quand il s’agissait, moi le faible, d’écouter les plus faibles et de relayer leur vérité étant intimement persuadé que celle-ci était l’arme la plus tranchante et meurtrière face aux dragons de l’argent et des marchands de mort.
Une question vint s’insinuer dans mon esprit. Elle surgissait d’un des maîtres manipulateurs des satellites que j’avais en face de moi :
- Nous avons remarqué que vous protestez pendant vos pensées parasites. Mais nous sommes persuadés qu’à certains moments, ce sont des protestations d’usage et qu’en réalité vous n’éprouvez aucune émotion, vous baissez la garde. C’est bien cela le problème…
Je restai sans voix. D’autres étoiles-satellites s’agglutinèrent aux autres. J’étais dans le doute perpétuel. Et si la voix disait vrai. J’essayai de répondre à cette hypothèse même si au fond je la contestais mais quand bien même. J’avais les coudes posés sur la rambarde de bois, le corps cassé en deux, le cul en l’air et j’imaginais que dans une autre réalité j’étais actuellement âgé de vingt ans de moins, que j’avais été enlevé et que je me faisais enculer par un criminel nazi autrichien dans le Tyrol. Effectivement, je ne ressentais plus rien. Après autant de viols que je subissais en même temps que je parlais dans cet hôtel du Pontet à quelques kilomètres d’Avignon, j’étais devenu un objet mort, une poupée de chiffon que possédait ce vieillard hideux et libidineux. Mon dégoût m’avait anéanti, ôté tout espèce de sensation, de révolte, je n’existais plus, j’étais comme en état de mort clinique, peut-être sous l’effet d’une drogue ou d’une destruction telle que je ne ressentais plus. Et je répondais à mon locuteur : vous voyez c’est bien ça le problème tant que je suis ici et en même temps au Tyrol sans défense face à cette charogne omnipotent, il se peut que je souffre de désordres émotionnels.
J’étais persuadé que j’avais trouvé la clé à une accusation dont moi-même, je ne pouvais évaluer la validité car j’imaginais qu’ils disposaient d’appareils de contrôle sophistiqués mesurant mes degrés d’émotivité et que je ne pouvais rien face à des données objectives.
C’était facile de me convaincre mais facile pour moi de trouver qu’il y avait en moi une thrombose, quelque chose de mort qui ne pouvait ressusciter et qu’il fallait faire avec. Je m’étais peut-être trop longtemps battu pour que je ne sois qu’un homme comme s’il fallait se battre pour le devenir. J’étais fatigué. Il était cinq heures du matin. J’avais faim et toujours froid, debout malgré les muscles qui lâchaient.
Me vint la conscience quand dans ma précédente vie, j’étais une femme allemande juive, enlevée puis transportée à Madagascar dans un laboratoire secret tenu par des médecins chercheurs fous nazis. Ils expérimentaient de nouveaux produits hautement toxiques sur mon corps. Je souffrais d’atroces douleurs. J’étais jetée dans les bras d’Africains que l’on forçait à me violer puis l’objet à nouveau de nouvelles expérimentations médicamenteuses qui ressemblaient à des poisons. J’ai aussi été abusée par des singes, des chiens et on me plaçait en même temps des électrodes pour y mesurer des courants électriques, d’autres pour m’envoyer des décharges. J’étais aussi le cobaye de tous les stimuli jusqu’à ce que je sois libérée à la fin de la guerre, clocharde et mendiante dans les rues de Tananarive.
Et une phrase m’obsédait : je ne ressens aucune émotion. Je hurlais au ciel : vous trouvez que je ne ressens aucune émotion ? Vous avez ce culot-là ? Et en moi-même, je me murmurais que je ne ressentais aucune émotion et j’étais effondré, annihilé, réifié comme mon double dans le Tyrol Autrichien ou ma précédente enveloppe humaine à Madagascar.
Les étoiles qui avaient bougé se remirent à se mouvoir, à quitter l’axe de ma vue où elles s’étaient regroupées pour retrouver leur positions initiale. Le jour se leva. Les étoiles disparurent. A droite, je vis d’épaisses fumées. L’incendie semblait gigantesque. Ces fumées se transformèrent bientôt en nuages qui prirent la forme d’un Airbus géant qui s’avançait doucement vers moi. Je me dis qu’Adil était à bord et qu’il venait enfin me chercher. Arrivé à ma hauteur, il disparut de ma vue.
Il était huit heures. Des clients de l’hôtel descendaient à la cafeteria. J’étais sur le parking. Et j’entendis que j’avais gagné le plus grand round de l’histoire secrète de l’humanité. Jamais les adversaires n’avaient concentré autant de moyens techniques pour me déstabiliser mais mon discours les fit capituler. Le champ était libre pour crier victoire. Finalement, c’était moi, en résistant, qui avait fait fuir les forces du mal. N’importe quel homme ou femme que je rencontrerais m’en serait désormais reconnaissant et me conduirait à Versailles où Adil le « roi-martien-soleil au service de tous » voulait me retrouver. Il suffisait que je demande à cet homme qui verrouillait la portière de sa berline de m’y conduire. Je n’osais pas. J’interrogeais les signes qui me dirent : allez, un peu de courage ! Je m’approchai, bafouillai :
- Excusez-moi… Vous n’êtes pas libre maintenant pour me conduire à Versailles ?
- Non pas vraiment. Désolé.
Je m’étais encore planté. J’entrai dans la cafeteria. J’expliquai à la patronne que j’avais été grugé par la machine, que j’avais dormi dehors, qu’il était hors de question que je paye le petit déjeuner. Elle me regarda par en dessous, me demanda ma carte bleue, m’autorisa à manger. Je regardai un poster de la demeure des papes d’Avignon : je me dis que j’allais être reçu là-bas, puis une image de Châteauneuf du pape : c’est bien nous boirons Adil et moi du bon vin. C’était peut-être comme ça la fin.
Un phénomène étrange se produisit. Au cours de la nuit, j’avais perdu mes verres de contact pendant mon discours-fleuve et là, j’avais retrouvé une vue parfaite. Ma myopie avait été soignée ! De nouveaux signes me dirent que cette fois-ci c’était fini, je pouvais jeter mon sac par exemple dehors sur la pelouse, si ça m’était égal. Je ne me fis pas prier : il avait été tellement lourd.
La patronne revient avec un regard franchement hostile. Elle me demanda de ramasser mon sac. Je refusai. Des voix me dirent que je pouvais me permettre de la renvoyer chier. Elle se coucherait facilement. C’est ce que fis et elle disparut à nouveau.
Pendant le café, d’autres signes me dirent que je ne retournerai jamais en vacances sur les plages de Nantes que j’ai trop usé. Je n’irais pas non plus dans les pays d’Afrique de l’Ouest producteur de café, que je ne boirai plus de café, que ce breuvage était un ennemi pour moi. J’étais désagréablement troublé par ces révélations et me dis : attendons qu’on me le dise en voix propre. C’est tout de même curieux.
D’autres signes me dirent que depuis ce matin, la gratuité s’était installée sur la terre
Les clients qui m’entouraient en tiraient bénéfice sans surprise ni joie extrême en vivant cela comme si elle avait existé depuis longtemps. En revanche, le fait que je sois encore détenteur d’une carte bancaire indiquait que j’appartenais au clan des voyous que la vague paradisiaque avait exclu de ses titulaires. Le fait de l’avoir présentée à la patronne et de l’avoir presque engueulée signait mon appartenance aux clans des délinquants exclus de l’Eden.
Elle revint et me regarda d’un air carrément suspicieux. Me demanda de me calmer et de ramasser mon sac. Je refusai. Des gendarmes se présentèrent, me demandèrent de les suivre. Je crus que c’était une escorte officielle pour m’emmener à Versailles. C’est à ce moment-là que je ne pus m’empêcher de réintégrer DJ Cosmique comme complément amoureux de notre dispositif cosmique avec Adil. Et j’étais gêné car je voyais mal la vie à trois dans ce château _qui ne me convenait pas d’ailleurs car j’étais résolument républicain et partisan des visites publiques de l’édifice_ et surtout j’éprouvai des difficultés à imaginer la place que le chanteur occuperait. J’étais décidément accroché à Adil Abker. Ma tête fut saisi d’un violent tremblement qui la fit monter vers le soleil depuis le fourgon et je fus surpris de voir distinctement une tête de mort à l’intérieur de l’astre qui n’avait jamais été gros et pâle à cet instant-là. Je fus pris de panique et pensai à mes origines nantaises, au soleil qui clama sa colère contre la traite des Noirs et peut-être son désaccord avec l’idée d’ajouter à Adil DJ Cosmique.
On me fit attendre dans les locaux de la gendarmerie. Le soleil devint plus puissant. Mon visage se mit à sa hauteur par la procédure du guidage automatique qui ne me fit pas en décoller. J’enlevais mes vêtements du haut et me caressai les seins quand l’adjudant arriva. Il protesta, demanda de me rhabiller et procéda à un interrogatoire d’identité.
Les pandores m’emmenèrent aux Urgences. J’attendis dans une salle blanche où pendirent des fils électriques dénudés. J’imaginai que me mère avait été torturée à l’électricité pendant la deuxième guerre et je me tordais de douleur car je revivais la scène toutes les trois minutes. Je pensais que la République voulait m’ausculter avant de me conduire à Versailles. Un médecin me posa des questions banales qui n’avaient rien à voir avec des désordres mentaux.
Les gendarmes me firent à nouveau monter dans leur fourgon. A ma question, ils me confirmèrent qu’ils ne m’emmenaient pas à Versailles, cette foutue destination qui m’emmerdait en même temps car je n’aime pas les monarchies.
Le véhicule entra sous un porche où s’enfilaient une série de bâtiments bas à l’intérieur d’une forêt de pins. Je crus reconnaitre l’endroit alors que je n’y étais jamais allé. Cette familiarité me fit penser que j’avais bien connu l’endroit dans une vie antérieure.
Des infirmières me réceptionnèrent. Un médecin au visage avenant m’accueillit. Lui aussi, je crus l’avoir déjà rencontré dans le passé. Il n’était pas de la Maison Blanche de Paris. Mais cette fois encore, je me retrouvai à l’hôpital psychiatrique.
Coïts extradordinaires
En marchant à Carpentras, j’eus l’idée que Dieu était africain, que son incarnation terrestre n’était autre que le Chanteur et qu’il était notre géniteur, nous les deux amants cosmiques. Je me remis à imaginer qu’il serait là lorsque nous nous accouplerions le Joueur et moi et qu’il aurait son mot à dire dans notre champ érotique. Je n’étais pas emballé mais je crus que nous allions vivre tous les trois ensembles. C’était peut-être la clé qu’il fallait trouver pour que notre réunion au sommet eu lieu.
Je m’assis sur un banc près d’une fontaine. Les agents municipaux avaient éparpillé du sel sur le trottoir pour éviter la formation de glace la nuit. Mes pieds étaient congelés. Des centaines de picotements se mirent en action sur des points d’acupuncture afin que mes deux extrémités retrouvent chaleur et mobilité.
Sur le banc je m’imaginais assis sur les genoux du Joueur. Bientôt je sentis réellement un sexe me pénétrer dans le cul et faire des allers-et-retours. J’étais surpris par la vigueur et la taille du sexe. J’en redemandais et j’étais littéralement secoué sur le banc alors qu’il n’y avait personne d’autre que moi. Pourtant ce sexe existait bien à l’intérieur de moi : je l’appréciais voluptueusement. Il était large et long. Et j’imaginais celui du Joueur ou d’un Africain. J’en demandai un autre. Il était aussi dur à l’intérieur de mes chairs mais plus court. J’exigeai de retrouver le premier et mes vœux étaient exaucés.
La place était décorée de lumières de fête foraine. Je m’assis par terre à goûter le sel et j’imaginai qu’il venait de la Mer Morte et de divers endroits du Proche-Orient, surpris par un goût différent selon les endroits où je le ramassais. Je croyais qu’il arrivait directement de là-bas et je plaisantais avec Adil en me comparant à une chèvre après notre séance de baise virtuelle.
J’entrai dan un bar, allai aux toilettes, suppliai le Joueur de m’enculer comme il l’avait fait sur le banc. C’est alors que je sentis un sexe entrer dans l’anus et se déchainer dans un trip-hard core, ma tête tapant contre les graffitis des murs. Je sortis des WC en me disant que c’était le début de la fin du travail d’approche. Il devait être dans la ville, à bord d’une voiture prêt à m’extraire du café.
Je commandai un alcool, puis un deuxième extrait de la bouteille pendue au dessus du bar avec son doseur. Le Joueur allait m’emmener dans son mas. Il avait réservé une bonne bouteille vin rouge et nous serions émus en dînant, et il me jouerait du piano avec des longs doigts et je sentirais qu’il se dégageait de lui une grande distinction et un art de jouir de tous les plaisirs.
Des jeunes faisaient la fête derrière moi. Je ne voyais aucune voiture s’arrêter à la hauteur du café. Je continuai à boire des verres des bouteilles suivantes sur les présentoirs. J’étais surpris de n’être pas enivré par ce mélange d’alcools forts. C’était l’heure de la fermeture, je ne pus payer que la moitié de l’addition et le patron me fit très gentiment signer une reconnaissance de dette.
Je marchais à nouveau, m’arrêtai sous les auvents d’une pharmacie. Des jeunes passaient, je croyais qu’ils m’encourageaient et qu’ils étaient heureux de vivre bientôt le sort qui leur était réservé. Ma tête fut prise dans un orage magnétique qui la fit tourner à droite, à gauche puis se fixer sur le diamètre de la lune qui était pleine ce jour-là. J’enlevais mes vêtements me recouvrant le torse et me caressai les seins. D’autres jeunes qui marchaient firent mine de ne rien voir à ma hauteur. J’étais reparti pour une nouvelle nuit et journée d’errance.
Le lendemain, le distributeur ne m’accorda que 20 euros. Ce fut assez pour entrer dans un piano bar, vers 22 h. En entrant je sentis mes pieds s’enfoncer dans le sol. Celui-ci était devenu élastique et il tanguait comme celui d’un bateau. Personne ne s’en rendait compte. Je crus que c’était le dernier jour, ces phénomènes physiques m’indiquant qu’on avait eu la peau, le Joueur et moi, des flics et des services secrets.
Au deuxième whisky, je m’ennuyais. Une pensée parasite me traversa l’esprit : « je n’aime pas les Noirs ». Je trouvais ça absurde et je fus effrayé . J’avais l’impression de mettre tout en l’air une fois de plus. J’imaginais une colère monstrueuse du Joueur et m’enfuit de Carpentras, marchai le long d’une route départementale, arrivai à un village sans café, désert et inhospitalier. Je me recroquevillai sur le seuil d’entrée d’une maison mais je ne pus dormir à cause du froid et de l’angoisse. Je poursuivis ma route jusqu’à Avignon. J’étais mal parti. J’avais 35 kilomètres à faire et je me sentis épuisé. Les voitures qui passaient ne s’arrêtaient malgré mon appel du pouce.
Au bout d’une demi-heure, l’une d’elle stoppa net à ma hauteur. Elle était conduite par un Maghrébin trentenaire. Il était d’accord pour m’emmener, mit le chauffage, me proposa de la musique pour me détendre et m’offrit des cigarettes. J’avais envie de pleurer devant tant de gentillesse et cette grande sensation de confort. Arrivé dans la banlieue d’Avignon, il m’arrêta devant un Formule 1. Je lui exprimais ma reconnaissance et m’en voulut un peu de lui avoir demandé s’il ne voulait pas monter dans la chambre avec moi.
Il me répondit étrangement :
- Non, je ne peux pas. C’est quelqu’un m’a envoyé vous chercher là-bas.
Je n’ai pas osé lui demander qui.
Je m’assis sur un banc près d’une fontaine. Les agents municipaux avaient éparpillé du sel sur le trottoir pour éviter la formation de glace la nuit. Mes pieds étaient congelés. Des centaines de picotements se mirent en action sur des points d’acupuncture afin que mes deux extrémités retrouvent chaleur et mobilité.
Sur le banc je m’imaginais assis sur les genoux du Joueur. Bientôt je sentis réellement un sexe me pénétrer dans le cul et faire des allers-et-retours. J’étais surpris par la vigueur et la taille du sexe. J’en redemandais et j’étais littéralement secoué sur le banc alors qu’il n’y avait personne d’autre que moi. Pourtant ce sexe existait bien à l’intérieur de moi : je l’appréciais voluptueusement. Il était large et long. Et j’imaginais celui du Joueur ou d’un Africain. J’en demandai un autre. Il était aussi dur à l’intérieur de mes chairs mais plus court. J’exigeai de retrouver le premier et mes vœux étaient exaucés.
La place était décorée de lumières de fête foraine. Je m’assis par terre à goûter le sel et j’imaginai qu’il venait de la Mer Morte et de divers endroits du Proche-Orient, surpris par un goût différent selon les endroits où je le ramassais. Je croyais qu’il arrivait directement de là-bas et je plaisantais avec Adil en me comparant à une chèvre après notre séance de baise virtuelle.
J’entrai dan un bar, allai aux toilettes, suppliai le Joueur de m’enculer comme il l’avait fait sur le banc. C’est alors que je sentis un sexe entrer dans l’anus et se déchainer dans un trip-hard core, ma tête tapant contre les graffitis des murs. Je sortis des WC en me disant que c’était le début de la fin du travail d’approche. Il devait être dans la ville, à bord d’une voiture prêt à m’extraire du café.
Je commandai un alcool, puis un deuxième extrait de la bouteille pendue au dessus du bar avec son doseur. Le Joueur allait m’emmener dans son mas. Il avait réservé une bonne bouteille vin rouge et nous serions émus en dînant, et il me jouerait du piano avec des longs doigts et je sentirais qu’il se dégageait de lui une grande distinction et un art de jouir de tous les plaisirs.
Des jeunes faisaient la fête derrière moi. Je ne voyais aucune voiture s’arrêter à la hauteur du café. Je continuai à boire des verres des bouteilles suivantes sur les présentoirs. J’étais surpris de n’être pas enivré par ce mélange d’alcools forts. C’était l’heure de la fermeture, je ne pus payer que la moitié de l’addition et le patron me fit très gentiment signer une reconnaissance de dette.
Je marchais à nouveau, m’arrêtai sous les auvents d’une pharmacie. Des jeunes passaient, je croyais qu’ils m’encourageaient et qu’ils étaient heureux de vivre bientôt le sort qui leur était réservé. Ma tête fut prise dans un orage magnétique qui la fit tourner à droite, à gauche puis se fixer sur le diamètre de la lune qui était pleine ce jour-là. J’enlevais mes vêtements me recouvrant le torse et me caressai les seins. D’autres jeunes qui marchaient firent mine de ne rien voir à ma hauteur. J’étais reparti pour une nouvelle nuit et journée d’errance.
Le lendemain, le distributeur ne m’accorda que 20 euros. Ce fut assez pour entrer dans un piano bar, vers 22 h. En entrant je sentis mes pieds s’enfoncer dans le sol. Celui-ci était devenu élastique et il tanguait comme celui d’un bateau. Personne ne s’en rendait compte. Je crus que c’était le dernier jour, ces phénomènes physiques m’indiquant qu’on avait eu la peau, le Joueur et moi, des flics et des services secrets.
Au deuxième whisky, je m’ennuyais. Une pensée parasite me traversa l’esprit : « je n’aime pas les Noirs ». Je trouvais ça absurde et je fus effrayé . J’avais l’impression de mettre tout en l’air une fois de plus. J’imaginais une colère monstrueuse du Joueur et m’enfuit de Carpentras, marchai le long d’une route départementale, arrivai à un village sans café, désert et inhospitalier. Je me recroquevillai sur le seuil d’entrée d’une maison mais je ne pus dormir à cause du froid et de l’angoisse. Je poursuivis ma route jusqu’à Avignon. J’étais mal parti. J’avais 35 kilomètres à faire et je me sentis épuisé. Les voitures qui passaient ne s’arrêtaient malgré mon appel du pouce.
Au bout d’une demi-heure, l’une d’elle stoppa net à ma hauteur. Elle était conduite par un Maghrébin trentenaire. Il était d’accord pour m’emmener, mit le chauffage, me proposa de la musique pour me détendre et m’offrit des cigarettes. J’avais envie de pleurer devant tant de gentillesse et cette grande sensation de confort. Arrivé dans la banlieue d’Avignon, il m’arrêta devant un Formule 1. Je lui exprimais ma reconnaissance et m’en voulut un peu de lui avoir demandé s’il ne voulait pas monter dans la chambre avec moi.
Il me répondit étrangement :
- Non, je ne peux pas. C’est quelqu’un m’a envoyé vous chercher là-bas.
Je n’ai pas osé lui demander qui.
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