Lettre d’hôpital écrite au Joueur
Mon sang n’existe pas sous ma peau sans effleurer les tiens. Le jour arrive où nous ne pensons que comme ça. Où nos compositions arrivent à nous battre tels que nous sommes après tant d’années d’amour et de résistance pour des victoires dont je n’imagine pas encore l’ampleur.
Je devine seulement.
Et ma réclusion instille le doute, non pas sur leurs existences, mais sur les transformations radicales et joyeuses du monde et de la vie, mon amour qui me fera peut-être changer de regard sur ce que nous avons conquis : une liberté et des amitiés « lumière » avec tant de nouvelles familles qui nous ouvriront les yeux, non, nous les aurons déjà ouverts comme ce qui peut s’ouvrir en nous et se plier, déplier comme les tissus moirés que nous aimerons porter,
Se secouer, se mélanger avec la douceur et l’ardeur des sentiments, ceux qui nous font entrer en harmonie avec le brouhaha des mouvements de lèvres, et des caresses des pieds, et des mémoires réconciliées, et des danses purifiant des millénaires de sirocos mentaux et de mauvais commerces,
Ceux qui rejoindraient les extraordinaires rencontres qui firent que nous sommes là, tous les deux,
Chevaux précurseurs de l’embrasement, d’un nouveau pacte entre l’homme et tous êtres vivants, ceux pour qui personne ne ment.
Il suffit de sentir les battements et de créer de nouveaux mots,
Des bouches si ouvertes aux vents des branches et des feuilles, des souffles animaux,
Animus
Que nous aurions tous, sans victoires ni défaites, acquis
Et que nous savourerions en faisant fi des chiffres et des combinaisons,
Nous les nouveaux êtres et anciens morts, plongés dans les sommeils, des infinies solitudes, nous reprenons langues, et tous les angles,
Des traversées que nos mémoires rafraîchissent et que l’imagination débrouille,
Nous les belles bouilles, nous ne serons jamais à bout,
Tant que tu seras à mes côtés pour me donner envie d’être abeille dans tes corbeilles,
Les Nôtres qui ont été si souvent menacées
Et toi qui déverrouille âme et sens sur tes routes continentales
Emmène-moi vers les cœurs à cœurs que j’ai connus autrefois et dont je ne me souviens guère
C’est ma misère, mon esclavage de ne pouvoir goûter aux merveilles humaines
Que tu abrites
Et qui m’habitent
Sans pouvoir les entendre
Et offrir toutes mes richesses, voire y déposer mon âme
Et mes armes,
Offrir la sensation du Grand Commencement qui nous fit bondir toi et moi, et tous les autres ensuite, par notre magie Noire et Rouge
Et orange comme le soleil couchant que nous faisions naître de nos dix doigts, caressant nos poignes et nos versants,
Fais-moi mourir si tout cela est faux,
Tant j’imagine, je devine un millième de ces merveilles
Pour nous, pour tous ceux
Qui choisiront le combat,
Pour l’excès de vie,
L’eau de l’infini,
Contre les barbares en col blanc qui tuent chaque jour notre appel à la diversité
Qui ne peut s’épanouir que dans la fraternité
Qui me manque ici dans ce pavillon d’HP
Où les pires insultes que je profère à vous et donc à moi me détruisent et me conduisent à un chaos insurmontable,
Que je vaincrai avec mes armes, avec les vôtres, avec les tiennes mon amour.
Mais tu joues avec moi. Cette journée en a été l’expérience. Tu me possèdes. Je suis ton jouet pour le pire et j’espère, le meilleur.
Tu insères des mots, des pensées, tu animes des gestes, joues avec mes nerfs, passes des messages écrits incompréhensibles. Au bout de 7 mois, il y a une certaine forme de lassitude à passer ces tests.
J’y vois une forme d’amour à me voir passer sous ces douches écossaises. Je la vois et ne comprends pas. N’importe quel esprit sensé se révolterait. Moi, je m’y soumets. Avec une certaine forme de confiance, quitte à me pincer les doigts, à tordre la mémoire, à douter, à ne plus supporter parfois la lassitude qui accable à force de trop jouer avec l’espoir d’un amour que je finis par redouter s’il a cette forme-là.
Ce soir je vomis les symboles. Et me sens bel et bien ton esclave. Qui m’éloigne des mots et du nouveau qui ne demande qu’à naître entre tes mains et sous ton sexe. Je trouve ça con. Je sais : c’est une forme d’écriture, d’interprétation d’un spectacle, de perdition dans le labyrinthe que je voulais explorer en écrivant un roman.
Vous venez à la rescousse. Mais je ne veux plus jouer (surtout en m’entendant forcé à prononcer des mots iniques). Je veux vivre. Et je ne comprends pas pourquoi on attendrait encore.
Je ne peux imaginer que ton but ultime serait de me faire souffrir à petit feu en atteignant l’os. Je me soigne contre cette hypothèse. Je ne vois pas l’intérêt. Mais mon passé me rendrait à glisser sur ce versant. Je résiste là aussi. Et je reste triste.
Finalement impuissant
Slave
Sans alcool à boire en ta compagnie
Et je pense à notre vie
Je ne t’imaginais pas comme ça
En me laissant finalement sans abri
Ca ne te ressemble pas
Durdouxdurdurdur
C’est un cauchemar d’être dans le circuit psychiatrique,
D’être dans le circuit de ton panoptisme qui, sans médicaments, ne laisse aucun répit
Tant on peut avoir de soi, et je le confirme de toi en moi
Comme de mauvais et bons esprits.
S’éloigne-t-on de l’amour ? C’est la question que je me pose.
Si je réponds par oui, je vivrais inévitablement dans la haine de moi-même dont je ne me remettrais pas.
Tu me manques et tu t’imposes en moi comme je voudrais m’imposer en toi. Peut-être le fais-je. Moi, je ne ressens que les effets de l’esclave que je suis de toi dont j’aimerais savoir comment se déroulent les jours à Madrid et ce qui tonne et détonne dans ta tête et tes pieds. (Je suis de près tes résultats sportifs).
mercredi 10 mars 2010
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