Je me retrouvai au pied d’une cité d’immeubles de la banlieue Sud extrêmement éloignée. Des adolescents noirs, garçons et filles, discutaient tranquillement. J’étais obstiné à vouloir me marier avec le Chanteur. Cette fois, je voulus ajouter une Actrice, amie et ambassadrice d’une grande marque de parfum. Elle avait voulu dormir avec moi un soir. J’étais perdu. Je crus que le trio était plus équilibrant, qu’il fallait une femme au Chanteur même si j’espérais qu’il m’aimait et que nous formions le véritable couple cosmique. L’Actrice était fantasque, pas déplaisante même si plus tard je réalisai qu’elle était singulièrement insipide. Mais ce soir-là, je crus que j’étais aussi légèrement amoureux d’elle, un peu de manière enfantine. J’étais persuadé que le mariage allait être célébré dans cette cité.
C’était fou, je le reconnaissais mais depuis tous ces jours, je me vidais petit à petit de ma substance pour m’adonner avec passion à mon initiation avec une obsession : hanter la banlieue, ce que j’estimais être le nouveau centre.
Je sentais que le Chanteur voulait m’imposer un challenge : discuter avec les jeunes qui traînaient, être à l’aise, dire des mots-clés qui allaient m’ouvrir les portes de son antre, ou plutôt allait-il se déplacer avec l’Actrice pour ouvrir le bal.
J’entrepris une conversation avec eux. Ils étaient gentils, enfants, pas très loquaces. Je fis chou blanc.
A un endroit, il y avait trois marques dessinées à la craie. Je crus que c’était notre emplacement à nous trois pour démarrer la soirée. J’attendis. Personne.
Les fenêtres de l’immeuble étaient allumées. Je déduisis qu’il fallait peut-être se faire recevoir par une famille, plaisanter pour qu’ils devinent que j’étais le « cosmique » qui attendait le Chanteur et l’Actrice. Ils n’auraient eu qu’un numéro de téléphone à composer et le tour était joué.
Je montais les escaliers et de beaux dessins africains au fusain étaient dessinés sur les murs. Il y avait des phrases énigmatiques et je reconnus le style du Chanteur. Je me disais : il a du talent et de la classe, ce mec, c’est dingue. J’aurais voulu décoller la surface des murs et faire une installation dans mon appartement.
Au fur et à mesure que je grimpais les marches, je remarquai des allusions de plus en plus précises à ma grande passion amoureuse dont je me remettais difficilement, avec des crucifix et des anecdotes réelles sur ma vie passée avec Alexis.
Je m’arrêtai à un étage et réalisai que tous les murs du couloir racontaient ma vie amoureuse. Le récit comportait des faits abscons, comme des intrigues à résoudre, des explications à des interrogations que je nourrissais toujours sur cette histoire abracadabrante avec Alexis. Cela affûtait ma curiosité mais je restais sur ma faim car je n’étais pas plus avancé.
Je fis plusieurs étages comme ça et retrouvai d’autres dessins, d’autres phrases de sphinx. Je m’épuisais à vouloir résoudre ces mystères d’une vie qui me concernaient au premier chef.
Je renouai avec l’idée de faire une intrusion dans une famille d’habitants. Je sonnai à une porte. Personne. A une deuxième, troisième, quatrième. Au total vingt appartements du couloir. No body. Je fis quatre étages comme cela. L’immeuble était silencieux et était inhabité malgré les lumières allumées.
Je sortis, m’éloignai des immeubles, marchai le long d’une route bordée de bâtiments industriels désaffectés. Je réalisai que je marchais en boucle : au bout d’un moment je retrouvais les mêmes bâtiments. Je passai plusieurs fois devant une station électrique qui avait l’air hors d’âge. Un fort magnétisme s’empara de mon corps et je ne pouvais plus bouger. J’étais terrassé. Une fatigue incroyable s’emparait de moi. J’étais prisonnier, je ne pouvais plus m’extraire du lieu. Ca bourdonnait dans mes oreilles. Le magnétisme agissait comme un puissant somnifère.
Je luttais pour ne pas tomber inanimé. Je me réfugiai dans une sorte d’abri en béton et je fermais les yeux accroupis quelques secondes pour me laisser aller dans un mini sommeil réparateur et avoir le courage de repartir. Le phénomène était impressionnant. A ce moment-là de nombreuses voitures roulaient à grande vitesse comme si elles faisaient une course contre la montre sur un circuit.
J’étais d’ailleurs bel et bien emprisonné dans un circuit. Je repassai plusieurs fois devant l’ancienne centrale électrique et je n’en pouvais plus.
Ma conclusion était que j’étais enfermé dans une matière qui existait bien mais qui ne faisait pas partie de la réalité habituelle, comme si j’avais franchi les portes d’un deuxième monde qui cohabitait avec le monde réel dans lequel que chacun de nous vit. Ce deuxième monde était pourtant bien tangible mais franchement pas agréable du tout.
A partir du moment où je réalisai cela, je trouvai une issue, pris une voie de traverse, aboutis à une deuxième ville qui avait l’air normal avec une gare RER qui me ramena à Paris.
J’avais vécu dans une création qui réussit à dupliquer la matière et d’en faire une sorte d’enfer. J’appelai ça la découverte de la contre-matière.
lundi 18 janvier 2010
Inscription à :
Publier les commentaires (Atom)
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire