samedi 27 février 2010

Plus près de toi

Lettre d’hôpital écrite au Joueur
Quand je suis seul et perdu, je me sens plus près de toi.
Nous pouvons gagner la partie. Nous l’avons peut-être déjà gagnée et suis-je le dernier à l’ignorer ?
Cette foutue main incapable de saisir la poignée et d’ouvrir la porte qui nous sépare : il y aurait un moyen plus direct que j’ignore.
Des lumières, des fenêtres. Jamais de haine, toujours l’amour aveugle et impatient et impuissant. Et rêve d’un grand partage des richesses matérielles, du savoir et de toutes nos sensations lorsque mes pensées parasites (toujours elles) n’existeront plus.

Je voudrais qu’elles s’évaporent d’elles-mêmes avec le temps, je m’épuise à les désamorcer, car je sais que je ne suis pas présentable avec ce poison. Quelles angoisses !
Je sais que c’est une histoire de solitude. Quand je parle à n’importe quel quidam, elles s’envolent ou s’enterrent : je suis libéré et peux apprécier toutes les mélodies que tu m’envoies.
Parfois j’imagine que tu veux aussi ma peau. Puis ça s’efface.
Parfois je sens que c’est la culpabilité d’être enfin heureux, celle de me transformer en femme, ou plutôt de révéler à ma famille ma véritable identité sexuelle qui me bouffe.
Et si finalement, je n’étais qu’un homme à l’appareil génital ordinaire ? Je formule le doute jusqu’à l’extrême. Les psychiatres me disent que je souffre de problèmes de discernement.
Je pourrais être en liaison avec des d’autres formes d’émission radiophonique que les tiennes et celles-ci ne seraient pas forcément des formes amies.
Dans quel but auraient lieu cette initiation et tout ce déploiement technologique. Pour mettre en évidence et montrer à l’humanité la « bête » monstrueuse que l’Histoire n’aurait jamais connue, Satan lui-même que l’on guiderait vers son procès de destruction : une grande leçon pour petits et grands :
- Regarde mon chéri de quoi est fait Satan.
Je n’y crois pas une seconde. Non, ce n’est pas vrai. J’en suis persuadé. Je suis sans cesse traversé par cette pensée et c’est ce qui me bloque, nous bloque et me pousse à dire des conneries ou à recevoir les tiennes dans ma tête. Et je te retrouve.
Mais la pensée d’un grand procès me revient. Avec les archives qu’on a accumulées sur mon cas, dans l’hypothèse où je serais la pensée du Mal, on m’aurait jugé, liquidé avant. A moins que ce soit mon heure maintenant. C’est idiot.
Je peux longtemps tourner en rond comme ça. A ce moment précis, je ne peux m’empêcher de penser à mes articles contre les néo-nazis, au Front national en tentant de comprendre les mécanismes qui poussent les gens à se fourvoyer dans ce vote de rat pour le COMBATTRE, mes articles dénonçant les collusions entre les islamistes et le pouvoir corrompu en Algérie, le chômage en France, la banlieue, bref tout ce travail qui nous a unis et qui j’espère nous unit toujours, toi le footballeur, moi le reporter qui n’a de cesse d’essayer d’être au plus juste, au plus précis.
Sommes-nous la réincarnation des premiers êtres humains nés sur cette terre ? Descendons-nous de Mars et aimons-nous nous-mêmes pour ce rapport au monde et à l’univers qui est une puissance d’amour, un appel à la diversité, aux forces de vie, de la multitude, de la différence, du complémentaire ?
Tu me dis trois fois oui en me faisant fixer le soleil. Je n’ai pas mal aux yeux. Je vois comme des langues, des cratères, des excroissances. Et je me dis qu’il nous donnera un jour l’infinie quiétude, la caresse du cosmos, des lumières jamais vues, le rayon de la guérison et du plaisir éternel.
Je t’aime. Puisses-tu inspirer à ton ballon les magies de ton regard, la force de ta bouche, le rythme de ta voix, l’électricité que tu produis en moi pour te répéter à l’infini : je t’aime. Ces mots, j’espère, te font deviner toute la chaleur de mon corps et de mon cœur à jamais offerts comme une fleur peut s’ouvrir seulement sous l’effet des étoiles d’une nuit d’été qui nous ferait goûter à l’éternité, nous, c’est-à-dire toute l’humanité.

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire